Les pieux plein de vertu

بسم الله الرحمن الرحيم

Le verset que nous étudierons en premier dans le présent article assure la continuité avec ceux qui le précèdent. En effet, après avoir conter les péripéties du changement de la qibla et les discussions qui s’en sont suivies, le discours coranique revient sur ce problème, en décrétant que la vraie piété n’a pas de lien direct avec la direction vers laquelle on s’oriente pendant la prière mais plutôt avec les faits que va présenter tout un chacun. Dieu dit dans le verset n°176 :

لَّيْسَ الْبِرُّ أَن تُوَلُّواْ وُجُوهَكُمْ قِبَلَ الْمَشْرِقِ وَالْمَغْرِبِ وَلَكِنِ الْبِرُّ مَنْ آمَنَ بِاللّهِ وَالْيَوْمِ الآخِرِ وَالْمَلآئِكَةِ وَالْكِتَابِ وَالنَّبِيِّينَ وَآتَى الْمَالَ عَلَى حُبِّهِ ذَوِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينَ وَابْنَ السَّبِيلِ وَالسَّآئِلِينَ وَفِي الرِّقَابِ وَأَقَامَ الصَّلاةَ وَآتَى الزَّكَاةَ وَالْمُوفُونَ بِعَهْدِهِمْ إِذَا عَاهَدُواْ وَالصَّابِرِينَ فِي الْبَأْسَاء والضَّرَّاء وَحِينَ الْبَأْسِ أُولَئِكَ الَّذِينَ صَدَقُوا وَأُولَئِكَ هُمُ الْمُتَّقُونَ (176)
176. La bonté pieuse ne consiste pas à vous tourner vers le Levant ou le Ponant mais plutôt de croire en Allah, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes ; de donner de vos biens, quelqu’amour que vous en ayez, à ceux qui vous sont proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents, à ceux qui demandent de l’aide et pour libérer les esclaves ; d’accomplir la prière et de s’acquitter de l’aumône légale purificatrice ; de remplir ses engagements lorsqu’on s’y engage et de faire preuve d’endurance dans la misère, la maladie et lorsque le combat fait rage. Ceux là sont les véridiques et ce sont ceux là les pieux plein de vertu !

Il ne s’agit pas pour le croyant de tergiverser sur des détails mais de s’appliquer à faire ce que Dieu lui commande, car c’est là que réside la véritable vertu.. ou encore « al birr » que nous traduisons par bonté pieuse. « Al Birr » en arabe représente une qualité dont le sens englobe tout ce qui peut être bien ou générer du bien. Et justement dans ce verset, Dieu détaille les cinq caractéristiques de ceux qui voudraient porter le flambeau de cette qualité et s’ériger en sincères et véritables pieux :

• Croire en Allah, au Jour dernier, aux Anges, aux écritures et aux prophètes
• Être charitable et donner de son bien à autrui, malgré l’amour qu’on lui porte
• Accomplir toutes les obligations que nous avons envers Dieu
• Remplir ses engagements et ne pas trahir son prochain
• Être endurant dans la vie de tous les jours

Ceux qui collectionnent ces cinq critères et les mettent vraiment en pratique sont en accord avec eux-mêmes et de ce fait incarnent les véritables dévots.

Le sujet abordé par la suite est celui de la loi du talion. Dieu dit dans le verset n°176

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ كُتِبَ عَلَيْكُمُ الْقِصَاصُ فِي الْقَتْلَى الْحُرُّ بِالْحُرِّ وَالْعَبْدُ بِالْعَبْدِ وَالأُنثَى بِالأُنثَى فَمَنْ عُفِيَ لَهُ مِنْ أَخِيهِ شَيْءٌ فَإتِّبَاعٌ بِالْمَعْرُوفِ وَأَدَاء إِلَيْهِ بِإِحْسَانٍ ذَلِكَ تَخْفِيفٌ مِّن رَّبِّكُمْ وَرَحْمَةٌ فَمَنِ اعْتَدَى بَعْدَ ذَلِكَ فَلَهُ عَذَابٌ أَلِيمٌ (177)
177. Ô croyants ! le Talion vous a été prescrit au sujet des tués, homme libre pour homme libre, esclave pour esclave, femme pour femme. Celui à qui son frère aura pardonné en quelque façon doit faire face à une requête convenable et payer des dommages de bonne grâce. Ceci est, en fait, un allègement de la part de votre Seigneur et une miséricorde. Après quoi quiconque se rend coupable de transgression, sera douloureusement châtié

Il s’agit là du quatrième appel adressé aux croyants dans le saint Coran.. Il était en effet de coutume chez les arabes, avant la venue du message divin, de se venger à l’occasion d’un meurtre par tous les moyens, serait-ce même sur une autre personne que le coupable ! Beaucoup de dépassements et d’injustice se produisaient ! Ce verset réglemente donc la loi du talion qui était certes en vigueur mais mal appliquée. Il a le mérite d’en faire un principe de base dans les règlements de compte. Tous les détails de cette loi ne sont toutefois pas donnés ici car exposés par ailleurs dans le chapitre de la table servie et nous aurons l’occasion d’y revenir. L’essentiel est d’insister sur le fait que le talion doit être aussi juste que possible. La vengeance est licite, mais elle ne doit pas dépasser les limites de l’acceptable, comme qui tuerait plusieurs personnes sous prétexte qu’il a perdu un être cher ou très important pour lui. La victime ou ses ayants droit peuvent exiger un dédommagement soit en demandant au fondé de pouvoir le talion, soit en acceptant une contrepartie matérielle soit en pardonnant au coupable. Et combien même ce dédommagement prendrait effet, il ne saurait être démesuré. Nous n’en prendrons pour preuve que l’appel évident à la clémence survenant à la fin du verset.

D’un autre coté, il faut noter que ce verset institue une nouvelle manière de gérer la vengeance. En effet dans les écritures saintes juives seule la loi du talion était en vigueur alors que pour les chrétiens le pardon était le choix de prédilection dans toute réponse à la violence. L’Islam se distingue, quant à lui, par cette possibilité du dédommagement et c’est pourquoi entre autres, il fait figure de religion du juste milieu.. Tout en gardant à l’esprit que tout dépassement malintentionné ne peut être que réprimandé puis châtié, car en effet, avant l’avènement de l’Islam, certains parents de victime, feignaient d’accepter le dédommagement, et attendaient que l’occasion se présente à eux pour liquider le coupable ! Ensuite ils allaient restituer le dédommagement que ses parents leur avaient procuré. Le talion a par ailleurs le mérite d’assurer la vie des personnes. Contrairement à ce que l’on peut penser, il a un effet dissuasif certain, quand il est appliqué en toute justice, et de ce fait, empêche la mort au lieu de l’encourager et va à l’encontre de ceux qui s’érigent contre la peine de mort ! Celle-ci doit certes être réglementée afin d’éviter des dépassements malintentionnés, mais de là à l’abolir purement et simplement, les droits de la victime ne seront-ils pas quelque part bafoués ? Quoiqu’il en soit, la recherche de la piété reste le seul et unique mot d’ordre..

وَلَكُمْ فِي الْقِصَاصِ حَيَاةٌ يَاْ أُولِيْ الأَلْبَابِ لَعَلَّكُمْ تَتَّقُونَ (178)
178. C’est dans le talion que vous aurez la préservation de la vie, ô vous doués d’intelligence. Ainsi atteindrez-vous la piété

Dans ce même sillage, et au même titre que la talion et bientôt le jeûne, quelques versets plus loin, plusieurs lois, touchant au sujet de la mort, sont instituées. Dieu dit :

كُتِبَ عَلَيْكُمْ إِذَا حَضَرَ أَحَدَكُمْ الْمَوْتُ إِنْ تَرَكَ خَيْراً الْوَصِيَّةُ لِلْوَالِدَيْنِ وَالأَقْرَبِينَ بِالْمَعْرُوفِ حَقّاً عَلَى الْمُتَّقِينَ (179) فَمَنْ بَدَّلَهُ بَعْدَمَا سَمِعَهُ فَإِنَّمَا إِثْمُهُ عَلَى الَّذِينَ يُبَدِّلُونَهُ إِنَّ اللَّهَ سَمِيعٌ عَلِيمٌ (180) فَمَنْ خَافَ مِنْ مُوصٍ جَنَفاً أَوْ إِثْماً فَأَصْلَحَ بَيْنَهُمْ فَلا إِثْمَ عَلَيْهِ إِنَّ اللَّهَ غَفُورٌ رَحِيمٌ (181)
179 Il vous a été prescrit, lorsque l’un d’entre vous est sur le point de mourir en laissant quelques biens, de faire un testament en faveur de ses père et mère et de ses parents les plus proches, en toute justice et en tant que devoir pour les pieux. 180. Quiconque en dénature ensuite le contenu, après l’avoir entendu, commet un délit dont il supportera seul les conséquences. Certes Allah est Audient et Tout-omniscient. 181. Toutefois, celui qui, craignant une partialité ou une illégalité de la part du testateur, fait accepter un compromis par les parties intéressées ne commet aucun péché. Certes, Allah est Pardonneur et Miséricordieux.

Quand un mourant lègue une fortune, importante ou dérisoire, il est appelé à faire son testament selon des critères très précis qui seront détaillés plus loin dans le chapitre des femmes. Ceci est un droit, voire même un devoir, pour quiconque cherche à s’investir dans la piété. Ainsi le mourant a-t-il le droit de léguer dans les limites du tiers de sa fortune, une partie en toute justice, à quelqu’un d’autre que ses héritiers légitimes. Et il n’appartient pas, après sa mort, à ceux qui ayant pris connaissance du testament, d’en changer quoique ce soit ! Ceci équivaudrait à un lourd péché qu’Allah ne laissera pas sans suite, sauf s’il s’agit d’un changement correct visant à rétablir réellement la justice ou encore la loi de Dieu dans la répartition des legs.. Dieu est alors Miséricordieux.

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