Légiférer: prérogative divine

بسم الله الرحمن الرحيم

Au nom de Dieu, le Miséricordieux le Tout Miséricordieux

Louange à Dieu Seigneur des mondes. Paix et Salut soient sur notre prophète Mohammed, ses proches et ses compagnons, ainsi que sur tous les prophètes qui ont été élus par Dieu pour nous transmettre Sa divine parole.

Les qorayshites avaient pris la fâcheuse habitude de légiférer pour leur propre compte en s’autorisant et/ou s’interdisant telles ou telles choses et quand ils étaient rappelés à l’ordre, ils n’obtempéraient pas..

وَإِذَا قِيلَ لَهُمْ اتَّبِعُوا مَا أَنزَلَ اللهُ قَالُوا بَلْ نَتَّبِعُ مَا أَلْفَيْنَا عَلَيْهِ آبَاءَنَا أَوَلَوْ كَانَ آبَاؤُهُمْ لا يَعْقِلُونَ شَيْئاً وَلا يَهْتَدُونَ (169)
169. Et lorsqu’il leur est dit : conformez-vous à ce qu’Allah a révélé, ils rétorquent : Nous nous conformons plutôt à la voie sur laquelle nous avons trouvé nos ancêtres ! Leurs ancêtres n’étaient-ils donc pas dénués de raison et sans aptitude à suivre le bon chemin ?

Non seulement, ils n’obtempéraient pas mais ils persistaient dans leur égarement arguant du fait qu’ils ne faisaient que pratiquer ce qu’ils ont hérité de leurs ancêtres. Mais cette conduite ne peut être louable, que si les ancêtres lèguent des choses convenables, mais de là à les mimer aveuglément sans se soucier de la véracité de leurs dires, cela relève de la pure sottise et ressemble parfaitement à celui qui se tue à parler à des gens qui ne le comprennent pas du tout et ne raisonnement point. Dieu dit :

وَمَثَلُ الَّذِينَ كَفَرُوا كَمَثَلِ الَّذِي يَنْعِقُ بِمَا لا يَسْمَعُ إِلاَّ دُعَاءً وَنِدَاءً صُمٌّ بُكْمٌ عُمْيٌ فَهُمْ لا يَعْقِلُونَ (170)
148. Par conséquent en quelque lieu que tu te trouverais, Tourne donc ta face vers le centre de la Mosquée sacrée ! C’est là, certes, la Vérité (venue) de ton Seigneur. De plus, Allah n’est point inattentif à ce que vous faites. 170. Ces infidèles font songer à des animaux qui n’entendent que les sons et les cris des appels confus qu’on leur lance, et qui, sourds, muets et aveugles, sont incapables d’en saisir le sens.

Or le croyant doit pouvoir profiter des sens dont Allah l’a doté pour distinguer le bien du mal et le licite de l’illicite qui va particulièrement lui être détaillé ici..

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا كُلُوا مِنْ طَيِّبَاتِ مَا رَزَقْنَاكُمْ وَاشْكُرُوا لِلَّهِ إِنْ كُنتُمْ إِيَّاهُ تَعْبُدُونَ (171) إِنَّمَا حَرَّمَ عَلَيْكُمْ الْمَيْتَةَ وَالدَّمَ وَلَحْمَ الْخِنزِيرِ وَمَا أُهِلَّ بِهِ لِغَيْرِ اللهِ
171. Ô croyants ! Mangez des bonnes choses que Nous vous avons attribuées. Et remerciez Allah, si vraiment vous croyez en Lui 172. Il vous a certes interdit toute bête morte, le sang, la chair de porc et ce sur quoi a été invoqué un autre qu’Allah.

Il s’agit là du troisième appel adressé aux croyants. Il va falloir qu’ils s’appliquent à ne consommer que ce que Dieu leur a permis tout en étant convaincus que si certaines choses sont proscrites, cela n’est nullement dans un but privatif, mais bel et bien parce qu’elles sont nocives. Noter ici que la notion de foi devient fondamentale. Car le croyant n’a pas besoin de connaître exactement la nature de la nocivité à la base de l’interdiction pour se plier à l’ordre d’Allah et s’abstenir, sachant que toute interdiction édictée par Dieu ne peut être que bien fondée. Et c’est pourquoi le croyant est appelé dans un deuxième temps à remercier Dieu qui lui évite préventivement certains maux encourus..

Bien entendu, il n’est pas interdit de chercher à savoir le pourquoi de l’interdiction, et la science aujourd’hui permet souvent de faire le parallèle entre les interdits coraniques et leur nocivité sous entendue. C’est le cas de deux parmi les quatre interdits évoqués dans le verset, en l’occurrence la bête morte et le sang liquide. La viande de porc pour sa part ne saurait tarder à nous livrer son secret alors que pour ce sur quoi le nom d’Allah n’a pas été cité la chose est évidente. Il s’agit d’un principe fondamental pour lequel aucune concession ne devrait être permise. Et pourtant, dans les cas d’urgence où la vie d’une personne est mise en jeu cette concession est faite..

فَمَنْ اضْطُرَّ غَيْرَ بَاغٍ وَلا عَادٍ فَلا إِثْمَ عَلَيْهِ إِنَّ اللَّهَ غَفُورٌ رَحِيمٌ (172)
Toutefois quiconque se trouve contraint – sans qu’il n’y ait intention d’abus ou de transgression – ne pourra être taxé de péché, certes Allah est Pardonneur et Miséricordieux.

Malgré cette intransigeance affichée et l’interdiction formelle qui ne laisse aucune place à l’équivoque, la tolérance trouve toujours sa place dans le discours divin. Ainsi toute personne en danger de mort, de faim ou de soif, est autorisée à consommer les aliments interdits afin de palier l’urgence. Cette règle est d’ailleurs générale car la contrainte peut exister dans tous les domaines et à chaque fois qu’elle est de mise, l’homme est autorisé à user de l’interdit dans les proportions requises pour sauver sa vie et c’est d’ailleurs pour cela que Dieu est Pardonneur et Miséricordieux pour peu que cela ne se fasse point avec une intention d’abus ou de transgression.

Après cette longue parenthèse, qui a traité de sujets divers, le discours coranique revient à nouveau sur le fait de dissimuler certaines prescriptions divines à des fins purement mercantiles. Le but étant d’insister auprès des croyants, qui sont les plus concernés ici, qu’ils ne devraient pas tomber dans les pièges dans lesquels sont tombés les enfants d’Israël, auquel cas leur fin serait plus que regrettable..

إِنَّ الَّذِينَ يَكْتُمُونَ مَا أَنزَلَ اللَّهُ مِنْ الْكِتَابِ وَيَشْتَرُونَ بِهِ ثَمَناً قَلِيلاً أُوْلَئِكَ مَا يَأْكُلُونَ فِي بُطُونِهِمْ إِلاَّ النَّارَ وَلا يُكَلِّمُهُمْ اللَّهُ يَوْمَ الْقِيَامَةِ وَلا يُزَكِّيهِمْ وَلَهُمْ عَذَابٌ أَلِيمٌ (173) أُوْلَئِكَ الَّذِينَ اشْتَرَوْا الضَّلالَةَ بِالْهُدَى وَالْعَذَابَ بِالْمَغْفِرَةِ فَمَا أَصْبَرَهُمْ عَلَى النَّارِ (174) ذَلِكَ بِأَنَّ اللّهَ نَزَّلَ الْكِتَابَ بِالْحَقِّ وَإِنَّ الَّذِينَ اخْتَلَفُواْ فِي الْكِتَابِ لَفِي شِقَاقٍ بَعِيدٍ (175)
173.Certes ceux qui dissimulent ce qu’Allah a révélé du Livre et qui le troquent à vil prix, ceux là ne font qu’emplir leurs entrailles de feu. (De plus) Allah ne leur adressera pas la parole au jour de la résurrection, ne leur accordera aucune valeur et un douloureux châtiment sera le leur ! 174. Ceux là sont ceux qui échangent la Vérité contre l’erreur et le Pardon contre le châtiment ! Quelle endurance dis donc face au Feu ! 175. Tout cela parce qu’Allah a révélé le Livre en toute vérité et que ceux qui ont divergé autour du Livre sont de facto dans un profond schisme !

Aucun recours ne sera possible et leur bannissement sera définitif pour la simple raison que leur choix de l’égarement a été délibéré et que leur préférence du châtiment a été d’une arrogance inouïe.

S'élever avec le Coran