Choisir ses mots

بسم الله الرحمن الرحيم

Au nom de Dieu, le Miséricordieux le Tout Miséricordieux

Louange à Dieu Seigneur des mondes. Paix et Salut soient sur notre prophète Mohammed, ses proches et ses compagnons, ainsi que sur tous les prophètes qui ont été élus par Dieu pour nous transmettre Sa divine parole.

Le contenu de cet article reprend grandement les données de celui publié dans la rubrique appel céleste sous ce même titre. C’est le respect de la continuité du texte coranique qui m’oblige à faire ces répétitions. Puisse Allah agréer notre action et faire qu’elle Lui soit exclusivement vouée.

Après le long passage traitant de sujets très divers, ayant certes tous un lien plus ou moins étroit avec les gens du livre et particulièrement les juifs de Médine, le discours coranique se tourne pour la première fois vers les fidèles du Prophète Mohammed et leur adresse un appel solennel par l’intermédiaire de la formule « Ô croyants ! « . Il faut savoir que par convention le mot « croyants » désigne dans le Coran ceux qui croient en Allah comme dieu unique et en Mohammed comme messager ayant clos définitivement la liste des prophètes ayant été délégués auprès des hommes par le Seigneur.

On se souvient qu’Allah a lancé un appel à adoration à l’ensemble de l’humanité à hauteur du verset n°20 du chapitre de la génisse. Cet appel utilise la formule générale « Ô hommes ! ». Au niveau du verset n°39, l’appel lancé s’adresse aux enfants d’Israël sous la forme « Ô enfants d’Israël ! » et leur rappelle qu’ils ne doivent pas oublier les bienfaits dont Dieu les a si longtemps comblés. Ici et à hauteur du verset n°103 nous rencontrons ce fameux appel « Ô croyants ! ». Ce type d’appel revient en fait quatre vingt neuf fois réparties sur vingt chapitres du saint Coran parmi les cent quatorze qu’il compte au total. Le premier de cette longue série est un appel solennel à l’observance des règles de bienséance vis-à-vis du Prophète Mohammed. Dieu y invite, en effet, les fidèles à choisir des mots courtois et ne prêtant pas à confusion lorsqu’ils s’adressent à Son messager. Dieu dit, en effet, dans cet appel :


يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لا تَقُولُوا رَاعِنَا وَقُولُوا انظُرْنَا وَاسْمَعُوا وَلِلْكَافِرِينَ عَذَابٌ أَلِيمٌ (103)

103. Ô croyants ! Ne dites pas : « donne nous de l’importance mais dites plutôt regarde vers nous; puis soyez attentifs ! » Un douloureux châtiment est destiné aux infidèles.

Le mot utilisé ici « raïna » veut, en effet, dire en arabe « fais attention à nous » mais il semble qu’en hébreux ce même mot représente une insulte, ce qui permettait aux juifs de donner l’impression de dialoguer avec le Prophète tout en l’insultant. Et une fois chez eux ils s’en frottaient les mains ! C’est pourquoi les musulmans ont été invités à ne pas utiliser, dans leurs discussions, des mots pouvant prêter à confusion quand bien même l’intention serait et ce saine afin de ne pas donner l’occasion à quelqu’un d’autre d’en faire un sujet d’ironie. D’ailleurs un tant soit peu de souci de politesse permet toujours de trouver les mots qu’il faut pour ne pas choquer son prochain, a fortiori quand il s’agit du Prophète. Et ceci doit être réellement considéré comme une obligation dont le non respect fait courir le risque de l’infidélité et donc du châtiment divin.

Cette façon de se conduire, de la part des juifs de Médine, n’est en fait que le fruit d’une profonde jalousie transformée en véritable haine et selon laquelle la prophétie n’aurait jamais due être donnée à un arabe mais plutôt rester dans la lignée des enfants d’Israël et c’est pourquoi, juste après, Dieu dit dans le verset n°104 :


مَا يَوَدُّ الَّذِينَ كَفَرُوا مِنْ أَهْلِ الْكِتَابِ وَلا الْمُشْرِكِينَ أَنْ يُنَزَّلَ عَلَيْكُمْ مِنْ خَيْرٍ مِنْ رَبِّكُمْ وَاللهُ يَخْتَصُّ بِرَحْمَتِهِ مَنْ يَشَاءُ وَاللَّهُ ذُو الْفَضْلِ الْعَظِيمِ (104)

104. Ni les mécréants parmi les gens du Livre, ni les polythéistes d’ailleurs ne voudraient qu’une faveur de la part de votre Seigneur vous soit donnée, or Allah réserve Sa Miséricorde à qui Il veut et c’est Allah qui détient la Grâce infinie.

Il est rare en effet qu’une personne puisse souhaiter qu’un bienfait de la part du Seigneur soit donné à son adversaire. En tout cas, ce n’est pas le cas des gens du livre, ni celui des polythéistes d’ailleurs, vis-à-vis des fidèles musulmans. Mais Dieu répartit Ses bienfaits selon des critères bien choisis que Lui seul détient et connait. Prions donc Allah de nous intégrer dans le parti de ceux qui bénéficient de Ses bienfaits.

Après ce magnifique appel débute un tout nouveau paragraphe. Nous sommes certes toujours dans le contexte de l’histoire des enfants d’Israël mais cette fois-ci non pas pour la raconter uniquement mais pour en tirer les leçons qui s’imposent. Il faut rappeler en effet que le contenu du Coran a essentiellement un but éducatif et par conséquent tout ce qui s’y trouve a nécessairement des retombées positives sur la qualité de vie et le savoir faire des musulmans. Dieu dit dans le chapitre de l’ornement « Azzukhruf » :

فَاسْتَمْسِكْ بِالَّذِي أُوحِيَ إِلَيْكَ إِنَّكَ عَلَى صِرَاطٍ مُّسْتَقِيمٍ (43) وَإِنَّهُ لَذِكْرٌ لَّكَ وَلِقَوْمِكَ وَسَوْفَ تُسْأَلُونَ (44)
43. Accroches-toi donc fermement à ce qui t’a été révélé, tu es certainement sur le droit chemin. 44. Il s’agit incontestablement d’un rappel pour toi et pour ton peuple, et vous en serez interrogés !

C’est pourquoi nous considérons que les remontrances faites dans le saint Coran aux différentes nations et communautés ayant précédé celle des musulmans ou encore les menaces qu’on y rencontre ne sont ni stériles ni cruelles ! Bien au contraire, elles constituent des mises en garde découlant de la justice divine, qui refuse pour ainsi dire de prendre quiconque au dépourvu. Après avoir fait le listing détaillé des comportements, pas toujours louables, des enfants d’Israël avec leurs prophètes, il est logique que le texte coranique se tourne vers les fidèles de la nouvelle religion pour leur faire découvrir certaines règles de bienséance et les inviter à leur mise en œuvre pratique. Mais auparavant une petite précision s’impose par rapport à l’excuse présentée par les enfants d’Israël quant à leur non croyance en Mohammed. Ils avaient dit en effet, quelques versets plus hauts « nous ne croyons qu’en ce qui nous a été révélé », c’est-à-dire à Moïse. Ils n’avaient donc pas compris que Dieu est le Seul Maître à bord et qu’il peut choisir de changer telle ou telle prescription au moment où Il veut, par celle qu’Il désire, et comme Il l’entend, et qu’il n’appartient pas à l’Homme de contester Ses divins choix. Il s’agit là de la règle de l’abrogation dont il sera question dans le verset qui suit et que nous nous appliquerons à découvrir dans le prochain article.

S'élever avec le Coran