Les composantes de toute société humaine

بسم الله الرحمن الرحيم

Au nom de Dieu, le Miséricordieux, le Tout Miséricordieux

Dans la première partie qui va du premier au dix-neuvième verset du chapitre Allah dresse, dans un étonnant esprit de continuité avec le chapitre de l’ouverture, une vue d’ensemble sur les différentes composantes de la société humaine. Souvenons nous en effet que ce chapitre s’était achevé par une incantation dans laquelle le croyant dans sa prière demandait d’être guidé vers le droit chemin et voilà qu’Allah, gloire et louange lui soient rendues, lui définit ce droit chemin et détermine la manière de l’emprunter..

الم. ذَلِكَ الْكِتَابُ لاَ رَيْبَ فِيهِ هُدًى لِّلْمُتَّقِينَ {1} الَّذِينَ يُؤْمِنُونَ بِالْغَيْبِ وَيُقِيمُونَ الصَّلاةَ وَمِمَّا رَزَقْنَاهُمْ يُنفِقُونَ {2} والَّذِينَ يُؤْمِنُونَ بِمَا أُنزِلَ إِلَيْكَ وَمَا أُنزِلَ مِن قَبْلِكَ وَبِالآخِرَةِ هُمْ يُوقِنُونَ {3}
1. Alif, Lam, Mim ; Tel est le Livre au sujet duquel il n’y a aucun doute, guide réel pour les pieux 2. qui croient en l’occulte, accomplissent la prière et dépensent bonnement de ce que Nous leur avons attribué 3. Et ceux qui croient en ce qui t’a été révélé et ce qui a été révélé avant toi et qui sont profondément convaincus de la vie future.

Cinq chapitres du Coran, hormis la génisse, commencent par ces mêmes lettres, « Alif Lam Mim ». D’autres lettres de l’alphabet arabe sont également utilisées à cette fin dans différents chapitres. Nous aurons l’occasion d’y revenir. Les exégètes ont rapporté de nombreuses explications à cela mais il semble que la plus plausible soit celle du défi lancé par Allah aux qorayshites qui brassaient extrêmement bien la langue arabe et qui pourtant s’avérèrent incapables d’imiter le texte sacré, alors qu’il utilise cette même langue à partir des mêmes lettres utilisées par les qorayshites. Par conséquent, leur incapacité de produire un texte semblable est la plus belle preuve de l’authenticité du Coran et qu’il n’est point une composition personnelle de Mohammed ﷺ.

Le livre dont il est question ici est le saint Coran. Jusqu’ici les chapitres révélés faisaient l’objet de doute pour les qorayshites. C’est pourquoi le chapitre de la génisse destiné à être placé en pôle position juste après celui de l’ouverture débute comme qui dirait par un serment qui tend à assurer de l’authenticité du Livre sacré. De même, il est destiné à ceux qui désirent fervemment se maintenir sur la bonne voie, à savoir les pieux, et dont il est donné une brève description dans les précédents versets.

Cette catégorie de personnes se distingue par sa croyance en l’invisible, entendre par là tout ce dont Dieu a révélé l’existence et que l’on ne voit pourtant pas tels les anges et les djinns mais également le paradis, la géhenne et le jour du jugement dernier. De même ils accomplissent la prière tel qu’elle a été prescrite et dépensent de bon gré de ce qui leur a été attribué en guise de reconnaissance envers le Seigneur. A coté de cela, ces pieux plein de vertu, loués ici par Allah, se distinguent par leur croyance qui ne se limite pas uniquement aux seules données du Coran mais s’étend à toutes les écritures qui émanent de Dieu, comme par exemple la Torah de Moïse et l’Evangile de Jésus. Ainsi quand on s’arme de ces divers critères, on fait alors partie des gens qui croient au projet de la société et le résultat ne peut par conséquent qu’être positif et la réussite au rendez vous :

أُوْلَئِكَ عَلَى هُدًى مِّن رَّبِّهِمْ وَأُوْلَئِكَ هُمُ الْمُفْلِحُونَ {4}
4. Ceux-là sont sur la bonne voie, grâce à leur Seigneur, et ce sont eux qui réussissent.

Dans un deuxième temps, Dieu aborde brièvement la description de ceux qui ne croient pas au projet de cette société, à savoir ici les mécréants. Il est signifié en effet :

إنَّ الَّذِينَ كَفَرُواْ سَوَاءٌ عَلَيْهِمْ أَأَنذَرْتَهُمْ أَمْ لَمْ تُنذِرْهُمْ لاَ يُؤْمِنُونَ {5} خَتَمَ اللهُ عَلَى قُلُوبِهمْ وَعَلَى سَمْعِهِمْ وَعَلَى أَبْصَارِهِمْ غِشَاوَةٌ وَلَهُمْ عَذَابٌ عظِيمٌ {6}
5. En fait, que tu les avertisses ou non, les mécréants n’y croiront jamais. 6. Allah a scellé leurs cœurs et leurs ouïes; et un voile épais leur couvre la vue. Ils seront donc victimes d’un énorme châtiment.

Classiquement on dit que ce verset vise certains contemporains de sidna Mohammed ﷺ qui avaient catégoriquement refusé de croire en lui. Cependant, on peut dire que quand bien même il viserait cette catégorie bien précise de personnes, la liste ne pourrait être limitée dans le temps, et par conséquent, le verset s’applique à toute personne qui fait preuve des mêmes comportements que Abou Jahl ou encore Abou Lahab.

En tout cas, avec ce type de personne les choses sont pour le moins claires. Le dialogue ne leur profite guère quand bien même l’argumentation apportée par le premier groupe serait convaincante. C’est pourquoi la gravité du châtiment qui les attend n’en est que plus justifiée et le résultat final ne peut être que regrettable.

Par la suite, le discours coranique décrit le 3e type de personnes que l’on peut rencontrer dans une société humaine. Ce type se situe comme qui dirait à mi chemin entre celui des croyants et celui des mécréants.. Border line en quelque sorte. Dieu dit en effet :

وَمِنَ النَّاسِ مَن يَقُولُ آمَنَّا بِاللهِ وَبِالْيَوْمِ الآخِرِ وَمَا هُم بِمُؤْمِنِينَ {7}
7. Et parmi les gens, il en est qui disent : « Nous croyons en Allah et au Jour dernier! » alors qu’en réalité, ils ne sont pas croyants.

Nous reviendrons volontiers sur cette catégorie dans notre prochain article.

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