Preuve à l’appui

Le cinquième appel céleste utilisant la formule générale « ô hommes » dans le Coran intervient également, comme les deux qui le précèdent, dans le 4ème chapitre du Livre sacré encore appelé chapitre des femmes. Tel que nous l’avons avancé auparavant les quatre précédents appels ayant utilisé cette formule constituent une sorte de suite logique qui a débuté par un appel à l’adoration s’est achevée par l’appel à la foi, en passant bien sûr par la mise en garde contre Satan et par le fameux appel à la piété conjugué à celui de la bienveillance que les hommes sont censés apporter aux liens qui les unissent s’ils veulent aspirer à une vie en société saine et paisible. L’appel ici constitue pour sa part une sorte de conclusion à cette suite logique. Il intervient en effet juste après le précédent, moyennant toutefois un court intermède les séparant, et dont nous proposons de voir les tenants. Rappelons, pour ce faire, le contexte qui prévalait avant l’appel à la foi. Ce contexte était celui de l’argumentaire ayant dévoilé les différentes prises de positions sur lesquelles campaient et campent toujours juifs et chrétiens vis-à-vis du Coran bien sûr, mais aussi et surtout du Prophète Mohammed, qu’ils refusent de reconnaître comme tel, et qui en définitive, a bénéficié du témoignage divin. Dans le verset n°166 et suivants de ce même chapitre nous avions pu lire :

165. Or Allah témoigne de ce qu’Il t’a révélé, Il l’a fait en toute connaissance. Et les Anges en témoignent d’ailleurs, sauf qu’Allah suffit comme témoin. 166. Ceux qui ne croient pas et qui obstruent le sentier d’Allah, s’égarent certes très loin. 167. Ceux qui ne croient pas et sont coupables d’injustice, Allah n’est nullement disposé à leur pardonner, ni à les guider dans un chemin 168. autre que celui de l’Enfer, où ils demeureront éternellement. Cela est certes facile pour Allah.

C’est à ce moment là qu’intervint l’appel à la foi comme seule et unique voie de salut, suivi bien sûr de l’intermède en question et dans lequel Dieu conjure ceux qui auparavant avaient reçu les écritures saintes, de ne pas exagérer dans leur jugement et dire de Lui et de Ses messagers des choses qui ne conviennent pas et qu’ils savent pertinemment fausses. Voici l’interprétation sommaire et non intégrale de cet intermède :

170. Ô gens du Livre, n’exagérez pas dans votre religion, et ne dites d’Allah que ce qui est vrai. Jésus, fils de Marie, n’est que le Messager d’Allah, parole qu’Il envoya d’ailleurs à Marie et souffle de vie venant de Lui. Croyez donc en Allah et en Ses messagers. Et ne dites pas « Trois ». Cessez ! Ce sera meilleur pour vous. Allah est un Dieu unique et Il est trop Glorieux pour avoir un enfant. A Lui appartiennent cieux et terre et Il suffit comme protecteur . 171. Jamais le Messie ne trouvera indigne d’être serviteur d’Allah, ni les plus proches des Anges. D’ailleurs, Il rassemblera vers Lui tous ceux qui trouvent indigne de L’adorer et s’enflent d’orgueil. 172. Il accordera alors à ceux qui auront cru et fait de bonnes œuvres leurs pleines récompenses et y ajoutera le surcroît de Sa grâce. Alors que ceux qui se seront détournés et se seront enflés d’orgueil, Il les châtiera et n’auront, en dehors de Lui, ni allié ni secoureur.

Il va de soi donc que cet appel adressé aux gens du livre s’inscrive dans la continuité du discours. La réalité de Jésus y est décrite avec précision pour que ni les juifs ni les chrétiens ne puissent la déformer ou soutenir ce qu’ils avancent à son propos. En effet les juifs dénigrèrent le messie à tel point qu’ils dirent de lui des choses inacceptables et surtout à l’encontre de sa mère, Marie, qui n’est autre que la plus pure des femmes ayant vu le jour. Les chrétiens pour leur part ont exagéré en ce sens qu’ils l’élevèrent à un rang qui n’est pas le sien quand ils le considérèrent comme fils de Dieu ou carrément Dieu. Par ailleurs, l’intermède comporte en son sein, des allusions claires fustigeant les qorayshites qui, polythéistes de nature, avaient pris l’habitude de décrire les anges comme descendance de Dieu exactement comme les chrétiens l’ont fait avec Jésus. C’est donc après cet intermède qu’intervient notre appel :

يَا أَيُّهَا النَّاسُ قَدْ جَاءكُم بُرْهَانٌ مِّن رَّبِّكُمْ وَأَنزَلْنَا إِلَيْكُمْ نُورًا مُّبِينًا (174)
174. Ô hommes; certes une preuve évidente vous est venue de la part de votre Seigneur. Et Nous vous avons fait parvenir une lumière éclatante

La preuve évidente à laquelle il est fait allusion ici fait référence à Sidna Mohammed qui, par son message clair et correctement documenté, a produit tous les arguments susceptibles de prouver la véracité de ses dires. Nous n’en prendrons pour témoin que l’argumentaire dressé ci-dessus et qui ne laisse pour ainsi dire pas de place au doute.

Par contre, la lumière dont il est question est représentée par le Coran qui comme nous l’avons déjà montré, constitue une véritable guidance à même de faire sortir quiconque s’y accroche des ténèbres de l’égarement vers la clarté de la foi et de la croyance et partant de là vers le bonheur éternel..

فَأَمَّا الَّذِينَ آمَنُواْ بِاللهِ وَاعْتَصَمُواْ بِهِ فَسَيُدْخِلُهُمْ فِي رَحْمَةٍ مِّنْهُ وَفَضْلٍ وَيَهْدِيهِمْ إِلَيْهِ صِرَاطًا مُّسْتَقِيمًا (175)
175. C’es ainsi que ceux qui croient en Allah et qui s’attachent à Lui, seront rassemblés au sein d’une miséricorde venue de Lui, et une grâce en sus. Et Il les guidera vers Lui dans un droit chemin.

Il s’agit donc pour l’Homme, en vertu de toutes les preuves qui lui ont été données par son Seigneur, quant à Sa Toute-puissance, mais aussi quant à la vérité qui lui est parvenue par le biais de Sidna Mohammed, de s’atteler à s’attacher à Lui et de ne ménager aucun effort pour suivre les traces du Prophète dans l’objectif de mériter Sa divine Miséricorde et de glaner les fruits de Sa grâce. Par ailleurs, le fait qu’Il n’ait pas détaillé ici le devenir de ceux qui mécroient, alors qu’on pouvait logiquement s’y attendre, est tout à fait intentionnel, non seulement parce que cela a déjà été fait dans l’intermède qui sépare les deux appels mais aussi pour signifier « Je ne vous fais pas dire le malheur qui les attend ! ». Qu’Allah nous en préserve, Amen !

S'élever avec le Coran