Faites vous beau!

Le troisième appel de type « ô enfants d’Adam » s’inscrit dans la continuité des deux premiers qui l’ont précédés de près. Il traite d’un certain nombre de comportements et d’actions que l’Homme en général est amené à adopter ou à entreprendre dans sa vie de tous les jours. Commençons par le commencement..

يَا بَنِي آدَمَ خُذُواْ زِينَتَكُمْ عِندَ كُلِّ مَسْجِدٍ
31. Ô enfants d’Adam, dans chaque lieu de prière, portez votre parure

L’allusion faite ici vise de nouveau l’habitude qu’avaient pris certains polythéistes de se conduire en nudistes et d’accomplir, totalement nus, les circumbulations autour de la Kaaba. En fait, ce comportement était lui aussi selon la légende assimilé à un acte de dévotion, et ils prétendaient qu’ils ne pouvaient se présenter devant Dieu et lui dédier le culte avec des habits dans lesquels ils avaient péché! Néanmoins, cette règle n’était valable que pour les arabes qui arrivaient des quatre coins de la péninsule et épargnait les mecquois d’origine! Car comble de fait les qorayshites, se considérant comme gardiens de la sainte mosquée, avaient décrété qu’aucune personne étrangère ne pouvait y pénétrer si elle n’était vêtue d’habits leur appartenant! Le pèlerin n’avait donc plus de choix que de pénétrer dans la mosquée tout nu ou se faire prêter (ou vendre) des habits pour la circonstance par justement un qorayshite! Heureusement la venue de l’Islam fut salvatrice. Dès qu’il eut assis ses bases, il s’attela à mettre fin à cette situation injuste. Ainsi, en l’an IX de l’Hégire, lorsque Abou Bakr eut pour mission de conduire le pèlerinage au nom de la nouvelle religion, et selon des rites revus et modifiés, le prophète  lui ordonna de faire parvenir à la population un message selon lequel désormais le polythéiste ne pourra plus accomplir le pèlerinage et personne n’aura plus la possibilité de pénétrer tout nu à l’intérieur de la mosquée. Un souci de décence était né. Il ne tarda d’ailleurs pas à s’instituer pour devenir très rapidement une règle respectée de tous et jusqu’à nos jours. Certains érudits vont même plus loin et revendiquent que tout musulman qui décide d’aller à la mosquée se doit, en vertu de ce même verset de veiller rigoureusement à porter des habits élégants et propres, afin de valoriser le lieu de culte dans lequel il va pénétrer. Cette revendication ne fait toutefois pas figure de consensus et ne s’élève donc pas au rang d’obligation irrévocable. Par ailleurs, le pèlerin non qorayshite ne pouvait, d’après la loi instituée par les mecquois, consommer que de la nourriture locale provenant uniquement de chez eux. Par conséquent les étrangers qui n’avaient pas de pied à terre en ville se trouvaient contraints de se priver et de ne consommer que le strict minimum! Certains allaient même jusqu’à s’interdire des types d’aliment prétendant que cela faisait partie du culte. Là aussi, il fallut ajuster le tir et corriger l’erreur. Si en effet l’homme n’a pas le droit de s’instituer des règles farfelues pour conduire son culte comme il l’entend, car justement Dieu ne peut être adoré que de la manière que Lui désire ; cet homme n’a également pas le droit de s’interdire la consommation des choses que Dieu lui a rendues licites.

وكُلُواْ وَاشْرَبُواْ وَلاَ تُسْرِفُواْ إِنَّهُ لاَ يُحِبُّ الْمُسْرِفِينَ (31)
Et mangez et buvez; et ne commettlassez pas d’excès, Il n’aime certes pas ceux qui commettent des excès

L’Homme peut donc consommer à sa guise tout ce que Dieu lui a procuré et lui a permis. C’est même pour lui un droit, avec néanmoins une petite restriction qui relève du conseil que l’on pourrait qualifier de médical. Il ne faut pas oublier que l’Islam est la religion du juste milieu par excellence. En conséquence tout excès de quelque nature qu’il soit est vigoureusement combattu. L’on connaît aujourd’hui les déboires sanitaires dans lesquels patauge l’humanité, et tout particulièrement dans les pays développés, en raison des excès alimentaires dont elle fait preuve. Que de cancers, que de cas d’obésité morbide, que de décès par maladies cardiovasculaires l’on peut recenser et rapporter à ces mêmes excès. Inversement, tout défaut ou manque est vu d’un mauvais œil. Or, les arabes du temps du prophète avaient injustement décrété qu’ils s’abstiendraient durant le pèlerinage de manger tout ce qui est viande et gras. Ils ne se contentaient plus que de maigres repas quitte à ne rien manger! Ceci bien sûr ne manquait pas de leur porter préjudice. On sait actuellement de façon évidente que ni l’anorexie, ni la malnutrition ne sont bonnes pour la santé. Les données de la science et l’étude des apports nutritionnels conseillés recommandent une alimentation équilibrée qui ne prive l’organisme d’aucun nutriment dont il aurait besoin. De même l’être humain a des envies qu’il a parfaitement le droit de satisfaire dans le cadre bien défini du licite.. Il n’est donc pas du ressort de quelques individualités de décréter des interdits qui n’ont pas de base..

قُلْ مَنْ حَرَّمَ زِينَةَ اللّهِ الَّتِيَ أَخْرَجَ لِعِبَادِهِ وَالْطَّيِّبَاتِ مِنَ الرِّزْقِ
32. Dis : « Qui donc a interdit la parure d’Allah, qu’Il a produite pour Ses serviteurs, ainsi que les bonnes nourritures? »

De quel droit l’homme s’érige t-il en gendarme pour interdire sans fondement des choses sur lesquelles il n’a aucun droit. Ceux qui font cela ne font que se priver et ceux qui leur obéissent ne font que s’inscrire volontairement dans cette privation. Par contre les croyants qui ne dépassent pas les limites tracées par Dieu, goûtent allégrement et librement aux délices de la vie qui leur sont permis et surtout se retrouvent seuls à en bénéficier dans l’au-delà..

قُلْ هِي لِلَّذِينَ آمَنُواْ فِي الْحَيَاةِ الدُّنْيَا خَالِصَةٌ يَوْمَ الْقِيَامَةِ
Dis: « Elles sont destinées à ceux qui ont la foi, dans cette vie, et exclusivement à eux au Jour de la Résurrection ».

Autrement dit, la finalité dans tout cela est que l’être humain est venu sur terre pour profiter de ce que Dieu lui a procuré, dans les limites bien sûr qui lui ont été tracées, car tout compte fait, il ne lui est interdit que ce qui peut lui porter préjudice, avec comme principal résultat pour son obéissance, le fait de vivre aussi bien sur terre que dans l’au-delà dans les meilleures conditions.

كَذَلِكَ نُفَصِّلُ الآيَاتِ لِقَوْمٍ يَعْلَمُونَ (32)
Ainsi exposons-Nous clairement les signes pour les gens qui savent

Autant d’arguments conduits pour convaincre du bien fondé de ce message et de la vérité qui en découle. Mais qui d’autre que les détenteurs du savoir pourrait saisir les dessous de ce discours ?

S'élever avec le Coran