Piété d’abord!

L’appel que nous étudions ici constitue l’introduction du quatrième chapitre du Saint Coran que l’on nomme chapitre des femmes. Dieu y dit :

يَا أَيُّهَا النَّاسُ اتَّقُواْ رَبَّكُمُ الَّذِي خَلَقَكُم مِّن نَّفْسٍ وَاحِدَةٍ وَخَلَقَ مِنْهَا زَوْجَهَا وَبَثَّ مِنْهُمَا رِجَالاً كَثِيرًا وَنِسَاء
1. Ô hommes ! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d’un seul être, et a créé de celui-ci son conjoint, et qui de ces deux là a fait engendré beaucoup d’hommes et de femmes.

Le chapitre des femmes est le deuxième plus long chapitre du Saint Coran après celui de la génisse. Comme celui-ci, il a été révélé à Médine et recèle par conséquent une multitude de lois qui vont être successivement édictées. Le premier verset de ce chapitre reprend donc l’appel à la piété, si fréquemment lancé aux croyants, sauf qu’ici, les arguments utilisés dans l’incitation à cette piété sont concrets et palpables comme ce fut le cas d’ailleurs dans l’appel général à l’adoration que nous avons précédemment vu dans le chapitre de la génisse. Dans cet appel, Allah avait choisi l’argument de la création de la terre et du ciel pour prouver sa Toute-puissance et convaincre l’Homme de Lui vouer son culte, sachant que cette adoration devrait intervenir en connaissance de cause et non pas de façon machinale se basant sur un mimétisme aveugle et non réfléchi. L’Homme est certes invité à adorer son Seigneur mais selon une certaine logique et uniquement après avoir été convaincu de la justesse de la chose et non aveuglément car Allah dit par ailleurs:

لاَ إِكْرَاهَ فِي الدِّينِ قَد تَّبَيَّنَ الرُّشْدُ مِنَ الْغَيِّ
Nulle contrainte en religion. Le bon chemin s’est distingué de l’égarement

Dans cet appel, Allah, pour le convaincre, choisit de rappeler à l’Homme son origine qui remonte tout simplement à Adam et Eve. Comment a-t-il été créé? De quoi est-il fait ? Afin qu’il y réfléchisse et se rende à l’évidence que Seul le Créateur est digne d’être craint et adoré. Comme s’Il voulait signifier : n’est-il pas logique qu’à origine unique, il y ait un Dieu unique ? Par ailleurs, Dieu qui a créé les cieux et la terre et qui par Sa Sagesse illimitée a fait que la terre soit peuplée d’hommes et de femmes, nous demande d’être pieux envers Lui mais aussi et simultanément nous montre l’importance qu’Il accorde aux relations humaines. C’est pourquoi Il joint à Son appel à la piété, qu’Il répète d’ailleurs, un deuxième appel qui met en garde contre la rupture des liens de famille. Dieu dit à la suite du verset:

وَاتَّقُواْ اللهَ الَّذِي تَسَّاءلُونَ بِهِ وَالأَرْحَامَ
Craignez Allah aussi, au nom duquel vous vous implorez les uns les autres, et
craignez de rompre les liens du sang

Il ressort donc que l’attention à octroyer aux liens de parenté est une obligation religieuse capitale qui ne saurait être ignorée et le fait d’y faire allusion ici, à coté de la piété, pourrait être, une motivation supplémentaire aux qorayshites à croire en Mohammed  qui n’était autre que l’un des leurs et qui n’avait pour ainsi dire pas de raison de leur mentir. Il est clair maintenant que rompre injustement ces liens doit être considéré comme péché grave demandant réparation. On rapporte qu’Asmaa fille d’Abou Bakr , et par conséquent belle sœur du Prophète , vint demander à ce dernier si elle pouvait recevoir sa mère chez elle, malgré qu’elle n’ait pas encore adopté sa religion, et le Prophète lui ordonna de faire de son mieux pour bien la recevoir, dans les meilleures conditions, en vertu des liens du sang. Ainsi les liens du sang sont prépondérants et Dieu dit dans un autre contexte qui est celui du djihad:

وَأُوْلُواْ الأَرْحَامِ بَعْضُهُمْ أَوْلَى بِبَعْضٍ فِي كِتَابِ اللّهِ إِنَّ اللّهَ بِكُلِّ شَيْءٍ عَلِيمٌ (75)
Cependant ceux qui sont liés par la parenté ont priorité les uns envers les autres, d’après le Livre d’Allah. Certes, Allah est Omniscient

A vrai dire, si nous respections les liens du sang avec la bienveillance requise, c’est à dire aussi profonde que sous-entendue dans la référence au même père et à la même mère combien de conflits et de guerres aurions-nous pu éviter ? Les différences de classes n’auraient sans doute jamais proliféré et certainement aucun système d’apartheid n’aurait éclaté au grand jour. Comment en effet dans un monde où règne la fraternité citée en référence, pourrait-on imaginer la pratique de tueries et de maltraitances à grande échelle telles celles que l’on voit de nos jours? Et par ce même raisonnement la femme qui remonte à la même origine que l’homme son binôme de toujours n’aurait jamais fait, au nom de ses mêmes liens, les frais de l’injustice dont elle a été l’objet depuis la nuit des temps. Heureusement qu’Allah est là pour remettre les pendules à l’heure..

إِنَّ اللهَ كَانَ عَلَيْكُمْ رَقِيبًا (1)
Certes Allah vous observe parfaitement

Il nous observe et gratifiera chaque personne pour tout ce dont elle aura œuvré.

S'élever avec le Coran