Vin et jeu de hasard

L’appel céleste que nous proposons aujourd’hui provient lui aussi du registre du licite et de l’illicite. Il concerne certaines pratiques dont le dénominateur commun est la main cachée du diable..

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ إِنَّمَا الْخَمْرُ وَالْمَيْسِرُ وَالأَنصَابُ وَالأَزْلاَمُ رِجْسٌ مِّنْ عَمَلِ الشَّيْطَانِ
90. Ô croyants! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches divinatoires ne sont qu’une abomination, œuvre du Diable

Dans le verset précédent, Allah a mis en garde contre le fait de rendre illicite ce qu’Il a bien voulu autoriser à la consommation. Ici l’appel est inversé. Dieu cite un certain nombre de choses illicites qu’il ne convient pas au croyant de s’autoriser. Les deux versets sont donc complémentaires et constituent une suite logique en vertu de laquelle Dieu appelle les croyants à consommer les bonnes choses et à proscrire les mauvaises comme par exemple l’alcool et partant de là toute substance enivrante. Les arabes de l’époque étaient de grands buveurs de vin et l’alcoolisme représentait pour eux un signe de progrès et de grande bourgeoisie dirait-on! Ceci explique que sa consommation était au tout début de la législation islamique permise puis elle fut progressivement interdite en au moins trois grandes étapes auxquelles nous avons déjà fait allusion lors de notre analyse de l’appel à ne pas faire sa prière tout en étant ivre. Mais quoiqu’il en soit ce verset fut révélé très probablement en l’an III de l’hégire juste après la bataille de Ohoud et ce à la faveur d’une scène dans laquelle Saad ibn abi Ouakkas, ivre après avoir bu, insulta un compagnon médinois qui ne s’empêcha pas à son tour de le frapper. Une rixe fut évitée de justesse!..

Le jeu de hasard pour sa part était également largement pratiqué par les arabes et les gains qu’il engendrait étaient dans un premier temps destinés à l’amélioration des repas des pauvres. A priori cela peut sembler louable si l’on ne fait pas attention à la faillite et à la misère que le jeu engendre dans de nombreuses familles et aussi à tous les maux dont il peut être responsable et qui, de nos jours, ne font plus le moindre doute. D’ailleurs il est actuellement admis que les jeux de hasard entraînent au même titre que l’alcool et toutes les autres drogues une réelle dépendance, si bien que les instances internationales modernes de la lutte contre la toxicomanie n’ont pas hésité à insérer « the gambling » dans le registre des maux à combattre. Il n’est donc pas étonnant que le Coran mette le jeu de hasard sur le même pied d’égalité que l’alcool. Il va même plus loin quand il les compare tous deux aux pierres dressées et aux flèches divinatoires qui sont des pratiques interdites de longue date car allant tout simplement contre la thèse du monothéisme pur prôné par l’Islam. Cette position de l’Islam plutôt rigide vis-à-vis de l’alcool et des jeux de hasard, comme certains pourraient le prétendre, est tout à fait justifiée au vu des positions prises de nos jours à leur encontre. C’est pourquoi nous pouvons fièrement affirmer qu’il ne fait aucun doute que ces deux pratiques soient totalement illicites en Islam et qu’elles ne puissent trouver voie à l’autorisation, ne serait-ce que pour le fait qu’elles font partie des œuvres diaboliques de Satan. Il est donc logique que l’éviction de ces quatre abominations constitue une voie de salut pour le croyant..

فَاجْتَنِبُوهُ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ {90}
écartez-vous en, afin que vous réussissiez

D’autant plus que leur pratique et tout particulièrement la consommation de l’alcool et celle des jeux de hasard peut, comme nous l’avons vu avec l’histoire de Saad ibn Abi Ouakkas avec le médinois, être source de discorde voire même de haine entre les citoyens.. ce que fustige l’Islam et rend inacceptable.

إِنَّمَا يُرِيدُ الشَّيْطَانُ أَن يُوقِعَ بَيْنَكُمُ الْعَدَاوَةَ وَالْبَغْضَاء فِي الْخَمْرِ وَالْمَيْسِرِ وَيَصُدَّكُمْ عَن ذِكْرِ اللّهِ وَعَنِ الصَّلاَةِ فَهَلْ أَنتُم مُّنتَهُونَ {91}
91. Le Diable ne veut que jeter parmi vous, à travers le vin et le jeu de hasard, l’inimitié et la haine, et vous détourner d’invoquer Allah et de la prière. N’obtempéreraient-vous pas?

L’interdiction de l’alcool et des jeux de hasard est d’autant plus forte que ces deux pratiques vont à l’encontre de deux autres ô combien chéries par l’Islam à savoir l’invocation de Dieu et la prière. Celles-ci sont sans aucun doute incompatibles avec l’état d’ivresse engendré par la consommation des substances enivrantes mais aussi par celui provoqué par le jeu de hasard qui fait du joueur une personne obnubilée par le gain si bien qu’elle peut, et cela est évident pour qui connaît cet état, ne plus se rendre compte ni faire attention à ceux qui l’entourent. La peur de perdre son argent devient maîtresse de la situation alors que le désir de gagner devient l’objectif à atteindre à n’importe quel prix, quelque soit le moyen, serait ce même au dépens de sa propre dignité ou celle des autres. Quand l’interdiction de l’alcool et des jeux de hasard fut donc publiée puis connue des compagnons, ils n’eurent d’autre choix que d’obtempérer. C’est d’ailleurs le conseil qui leur a été donné dans le verset qui suit :

وَأَطِيعُواْ اللّهَ وَأَطِيعُواْ الرَّسُولَ وَاحْذَرُواْ
92. Obéissez à Allah, obéissez au Messager, et prenez garde!

Sachant que l’obéissance à Dieu et au prophète sont les piliers sur lesquels se base le foi prônée par l’Islam. Nous en avons déjà parlé lors d’un précédent appel du chapitre des femmes. Par contre quand on se détourne de Dieu il faut se préparer à en assumer la responsabilité, et de c’est de cela qu’il faut prendre garde.

فَإِن تَوَلَّيْتُمْ فَاعْلَمُواْ أَنَّمَا عَلَى رَسُولِنَا الْبَلاَغُ الْمُبِينُ {92}
Si ensuite vous vous détournez… alors sachez qu’il n’incombe à Notre messager que de transmettre le message clairement

Jamais le prophète ne peut être tenu pour responsable de la non réponse des uns et des autres à son appel. Sa fonction se limite dans la transmission de ce qui lui a été donné. Par la suite libre à chacun de choisir le chemin qui lui convient avec bien sûr et tout naturellement une responsabilité à la clé à laquelle il va falloir répondre.

S'élever avec le Coran