Vendredi

Le soixante deuxième chapitre du Coran ou chapitre du vendredi comporte un appel aux croyants consacré à la célèbre prière hebdomadaire..

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِذَا نُودِي لِلصَّلَاةِ مِن يَوْمِ الْجُمُعَةِ فَاسْعَوْا إِلَى ذِكْرِ اللَّهِ وَذَرُوا الْبَيْعَ
9. Ô croyants! Quand l’appel à la prière du Vendredi est lancé, consacrez-vous à l’invocation d’Allah et laissez tomber tout négoce.

La première prière du vendredi s’est tenue à Médine à l’initiative d’un certain nombre de néo-convertis bien avant l’arrivée du Prophète dans la ville. Constatant que les juifs consacraient le Samedi à leurs prières et que les chrétiens en faisaient de même avec le dimanche, ils se proposèrent d’adopter le vendredi pour leur réunion cultuelle. Ainsi, Asaâd ibn Zourara, en coordination avec Mosaâb ibn Oumaïr, qui avait été dépêché par le prophète à Médine pour apprendre aux médinois le Coran et les initier aux rites de leur religion, prit l’initiative de les réunir chez lui, alors qu’ils n’étaient que douze personnes. Il fit une petite allocution en guise de prêche puis conduisit la prière. Cette manière de réunir les gens le vendredi fut plus tard reprise puis entérinée par le prophète . C’était à la fin de son périple de la Mecque vers Médine. Quand il arriva aux abords de la ville, il s’arrêta pour bivouaquer chez les bani Amr ibn Aouf et séjourna chez eux du lundi au jeudi. Le vendredi matin il reprit la route pour entrer à Médine. En cours de chemin, il s’arrêta de nouveau vers midi à un lieu où les riverains avaient l’habitude de prier et il conduisit officiellement sa première prière du vendredi. Il fit alors un prêche dont l’essentiel du contenu est encore disponible de nos jours. Depuis lors, la prière du vendredi devint une sunna jusqu’au moment où le verset que nous abordons aujourd’hui vienne parafer la chose en la transformant en véritable devoir pour tous les musulmans qui ne disposent pas d’excuse valable pour la rater. Ainsi leur a t-il été demandé le jour du vendredi, au moment de la prière, de délaisser toutes sortes d’activités et de ne s’occuper que de l’invocation de Dieu..


ذَلِكُمْ خَيْرٌ لَّكُمْ إِن كُنتُمْ تَعْلَمُونَ {9}

Cela est bien meilleur pour vous, si vous saviez !

Et comment peut-il en être autrement quand on sait que le prophète  dit:
Quiconque fait ses ablutions le vendredi puis se dirige vers la mosquée et écoute le prêche voit tous ses péchés de la semaine pardonnés avec 3 jours en rab
Donc le fait d’honorer ce devoir donne droit à une rétribution inestimable qui consiste en un pardon qui se perpétue inlassablement au fil des semaines. Il faut toutefois souligner que cette obligation n’est pas généralisée à tout le monde et que certaines personnes peuvent en être exemptés. On peut citer les malades qui n’ont pas la force d’y aller et les personnes sensées les surveiller en cas de pronostic vital, mais aussi les personnes en voyage, les esclaves et les personnes en difficulté comme les aveugles et les vieillards. Les femmes, pour leur part, sont vivement invitées à y assister sans que ce ne soit pour elles une obligation formelle. Enfin les enfants peuvent y assister. Cela est même conseillé, afin qu’ils s’imprègnent dès leur plus jeune âge de l’ambiance spirituelle qui y règne. On rapporte que le Prophète a dit:
Quiconque croit en Dieu et au jour dernier a pour devoir d’assister à la prière du vendredi sauf s’il est malade, en voyage ou s’il s’agit d’une femme, d’un enfant ou d’un esclave qui ne peut se libérer pour. Et quiconque délaisse ce devoir pour une raison ou pour une autre, type commerce ou loisir, Dieu se passera de lui, car Dieu est digne de louange et il n’a besoin de personne
Ainsi tout adulte sain, résident dans une ville donnée où existe une mosquée, est sensé répondre à l’appel du vendredi afin d’assister au prêche et à la prière avec l’imam. Il s’agit bel et bien d’une obligation que le musulman ne peut repousser sans raison valable trois fois de suite. Le Prophète dit à ce propos:
Quiconque n’assiste pas trois fois de suite à la prière du vendredi sans raison valable se met systématiquement en port à faux avec le Seigneur
Que faire maintenant une fois la cérémonie achevée ?


فَإِذَا قُضِيَتِ الصَّلَاةُ فَانتَشِرُوا فِي الْأَرْضِ وَابْتَغُوا مِن فَضْلِ اللَّهِ وَاذْكُرُوا اللَّهَ كَثِيرًا لَّعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ {10}

10. Puis à la fin de la prière, dispersez-vous, tout en recherchant un tant soit peu la grâce d’Allah, et invoquez Allah itérativement afin que vous réussissiez.

Quand la prière prend fin, les croyants rentrent chez eux pour se reposer, mais ils sont surtout sensés regagner leur travail et éviter de s’oublier dans la paresse et/ou de se complaire dans l’oisiveté, sachant que le plein de spiritualité dont ils avaient et auront toujours besoin vient d’être fait. Si la vie sociétale musulmane donne comme l’impression de s’arrêter du moins dans le sens matériel du mot, cela ne veut pas dire que tout doive s’arrêter et que cette situation puisse se pérenniser. Loin de là, les musulmans doivent rapidement reprendre leurs activités, et de plus belle encore, car dans la logique de l’Islam, le matériel et le spirituel sont indissociables tant qu’ils restent bien sûr tous les deux fidèles au domaine du licite, et si la réussite souhaitée dans le verset est effectivement celle de l’au-delà, il faut savoir qu’elle reste assujettie à une certaine réussite ici bas.

وَإِذَا رَأَوْا تِجَارَةً أَوْ لَهْوًا انفَضُّوا إِلَيْهَا وَتَرَكُوكَ قَائِمًا قُلْ مَا عِندَ اللَّهِ خَيْرٌ مِّنَ اللَّهْوِ وَمِنَ التِّجَارَةِ وَاللَّهُ خَيْرُ الرَّازِقِينَ {11}
11. Et lorsqu’ils entrevoient quelque commerce ou divertissement, ils se dispersent et te laissent debout. Dis leur : “Ce que détient Allah est bien meilleur que le divertissement et le commerce, et Allah est le Meilleur des pourvoyeurs”

C’était à l’occasion d’une année de disette alors que le messager de Dieu faisait son prêche, une caravane chargée de vivres fit son entrée en ville. Enthousiasmé par la nouvelle, tout le beau monde qui assistait à la réunion hebdomadaire se dispersa laissant le prophète terminer son prêche avec seulement une poignée de personnes atteignant à peine la douzaine qui étaient restés autour de lui. Cela dit le fait que les compagnons aient donné plus d’importance à la caravane n’a en réalité aucune signification péjorative car au tout début la tradition voulait que la prière intervienne après l’allocution de l’imam, comme cela est encore le cas pour les jours de l’aïd, et ils ne virent aucun inconvénient à ne pas y assister, mais le verset est venu rétablir la situation et remettre les choses dans l’ordre qu’il convient. Et c’est dans ce sens et depuis ce jour là que le prêche précéda chronologiquement la prière.

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