Tant qu’il est encore temps

Après l’appel à la prière du vendredi, survenu dans le chapitre du même nom, nous aborderons aujourd’hui un nouvel appel céleste que l’on retrouve dans le chapitre qui vient immédiatement après et qui est nommé chapitre des hypocrites. Le soixante troisième chapitre du Coran est entièrement dédié à cette catégorie de personnes qui se manifesta à l’époque du prophète de manière criarde. Le groupe était conduit par un certain Abdallah ibn Obay ibn Saloul qui se préparait à être couronné roi par les médinois, mais son projet tomba à l’eau lorsque le prophète  fit son entrée dans la ville en provenance de la Mecque. Le chapitre des hypocrites, malgré sa brièveté, onze versets au total, conte un certain nombre de situations ayant caractérisé le comportement et les agissements de ces gens là qui après l’avoir jalousement caché, ont fini par dévoilé leur jeu. L’appel que nous nous proposons d’étudier vient pour sa part en fin de parcours si bien qu’il constitue une belle conclusion pour le chapitre.

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تُلْهِكُمْ أَمْوَالُكُمْ وَلَا أَوْلَادُكُمْ عَن ذِكْرِ اللَّهِ
9. Ô croyants ! Que ni vos biens ni vos enfants ne vous distraient de la mention d’Allah.

Après avoir mit les manigances des hypocrites à découvert tout au long du chapitre le discours se tourne enfin vers les croyants afin de les mettre en garde contre le fait de se conduire comme eux. En effet, certaines pratiques ne peuvent être acceptées de la part d’un vrai musulman. Ainsi, la prière, le jeûne, l’aumône et tous les autres actes de culte doivent en réalité être prioritaires dans la vie du croyant. Rien théoriquement ne devrait pouvoir le distraire de se rapprocher de Dieu en faisant de bonnes actions ou en accomplissant les devoirs dont Dieu Tout puissant l’a chargé. Un bon croyant ne peut par exemple laisser s’écouler le temps imparti à l’accomplissement de l’une des cinq prières quotidiennes sans le faire, sous prétexte qu’il est occupé avec ses enfants ou parce qu’il est plongé dans ses affaires personnelles ou tout simplement dans son travail ou toute autre activité routinière. Néanmoins, cela ne veut nullement dire qu’il ne faille s’occuper que de « dhikr » délaissant par là les activités que l’on qualifie habituellement de matérielles. Omar ibn Khattab explique à ce propos:
Le meilleur du « dhikr » en vérité ne réside pas dans ce que l’on prononce comme paroles mais plutôt dans l’obéissance à Dieu qui se concrétise par le comportement d’une personne quand elle veille rigoureusement à faire ce que son Seigneur lui commande et se garde formellement de profaner Ses interdits
Car dans le cas contraire, le « dhikr » verbal deviendrait caduque et la personne s’inscrirait systématiquement dans les rangs des perdants.


وَمَن يَفْعَلْ ذَلِكَ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الْخَاسِرُونَ {9}

Et quiconque fait cela.. alors ceux-là seront les véritables perdants.

Naturellement, la perte dont il est question ici est ultérieure, c’est-à-dire dans l’au-delà et c’est pourquoi l’appel s’intensifie et demande aux croyants de redoubler d’efforts dans leur recherche du bien et de l’action charitable avant bien sûr qu’il ne soit trop tard..


وَأَنفِقُوا مِن مَّا رَزَقْنَاكُم مِّن قَبْلِ أَن يَأْتِيَ أَحَدَكُمُ الْمَوْتُ فَيَقُولَ رَبِّ لَوْلَا أَخَّرْتَنِي إِلَى أَجَلٍ قَرِيبٍ فَأَصَّدَّقَ وَأَكُن مِّنَ الصَّالِحِينَ {10}

10. Et dépensez de ce que Nous vous avons octroyé avant que la mort ne vienne à l’un de vous et qu’il dise alors : “Seigneur ! si seulement Tu m’accordais un court délai : je ferais l’aumône et serais parmi les gens de bien”.

Le croyant, mais aussi tout humain, a devant lui sa vie pour semer le bien en se pliant aux directives divines et pouvoir récolter les fruits de sa semence après la mort. La moisson ne saurait être bonne si la semence s’avère insuffisante. Il est donc illogique de perdre son temps dans des futilités, et l’hypocrite comme d’ailleurs le simple paresseux, se trouva fort dépourvu quand la mort fut venue. Pas un seul petit morceau de bon point ou de bonne action pouvant faire prévaloir une quelconque rétribution. Il alla demander retour chez Dieu son Seigneur, le priant de lui prêter quelque délai pour pouvoir se racheter. Je serais sérieux et dévoué Lui dit-il, et plus jamais je ne baignerai dans l’oisiveté. Dieu est certes Grand Pardonneur, c’est là l’un de Ses plus grands attributs, mais encore faut-il que l’hypocrite ou le paresseux ait compris la leçon, avant du moins que la mort ne vienne l’en empêcher et fausser tous ses calculs. Que faisais-tu sur Terre lui dit-Il au temps passé? Nuit et jour, j’étais occupé par des futilités! Ainsi étais-tu donc, eh bien, c’est dommage, car il est trop tard maintenant! A ce sujet Dieu dit dans le chapitre des croyants :


حَتَّى إِذَا جَاء أَحَدَهُمُ الْمَوْتُ قَالَ رَبِّ ارْجِعُونِ {99} لَعَلِّي أَعْمَلُ صَالِحًا فِيمَا تَرَكْتُ كَلَّا إِنَّهَا كَلِمَةٌ هُوَ قَائِلُهَا وَمِن وَرَائِهِم بَرْزَخٌ إِلَى يَوْمِ يُبْعَثُونَ {100}

99. … Et, lorsque la mort vint à l’un deux, il dit : “ Fais-moi revenir ô Seigneur ! 100. afin que je fasse du bien dans tout ce que j’ai légué”. Ô que non, c’est une simple une parole qu’il dira. Et derrière eux, il existe une barrière, jusqu’au jour où ils seront ressuscités”

Car en effet la mort représente bien le délai fatidique qu’il n’est pas permis de rater pour la simple raison qu’une fois là il n’y a plus moyen de le repousser.

وَلَن يُؤَخِّرَ اللَّهُ نَفْسًا إِذَا جَاء أَجَلُهَا
11. Allah cependant n’accorde jamais de délai à une âme dont le terme est arrivé.

Autrement dit, lorsqu’une personne meurt, elle ne trouve guère plus les moyens d’enregistrer quoique ce soit à son actif, et la porte se trouve alors grande ouverte au regret qui, lui, ne profite en rien à celui qui l’exprime.

وَاللَّهُ خَبِيرٌ بِمَا تَعْمَلُونَ {11}
Allah est certes parfaitement au courant de ce que vous faites

Et heureusement que cette parfaite connaissance divine de tout détail prévalant sur Terre existe car elle est le seul et unique gage d’une justice infaillible et sans pareille. Qu’Allah Tout-puissant en soit loué.

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