Sincères jusqu’à la moelle

L’avant dernier appel du chapitre du repentir est un appel à l’honnêteté et à la sincérité. Il intervient après toute une série d’évènements ayant mis à découvert les comportements qui caractérisaient les hypocrites dans leur vie de tous les jours..


يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ اتَّقُواْ اللّهَ وَكُونُواْ مَعَ الصَّادِقِينَ {119}

119. Ô croyants! Craignez Allah et soyez parmi les véridiques

Revoyons l’histoire de plus près. En l’an IX de l’Hégire le prophète  appela tous les fidèles à participer à une expédition militaire des plus périlleuses. Pour la première fois les musulmans allaient partir en guerre contre les romains et leurs vassaux au nord de la péninsule arabique à près de 770 kilomètres de Médine près de l’actuelle royaume de Jordanie. Le voyage devait avoir lieu en pleine saison d’été et s’annonçait plutôt difficile :

  • D’une part parce que les récoltes étaient toutes fraîches et que chacun aspirait à en tirer profit.
  • D’autre part avec la chaleur qui prévalait, chacun souhaitait rester chez lui bien au frais.

Autrement dit, le moment était loin de plaire aux gens pour aller en déplacement et encore moins en guerre. Néanmoins la plupart des compagnons répondit d’emblée et sans hésiter à l’appel de leur leader et très vite une collecte de fonds fut organisée. Ainsi a-t-on pu voir Othman Ibn Affan céder une très grosse partie de sa fortune pour financer l’expédition. Abderrahman Ibn Aouf équipa près de 700 combattants et Abou Bakr Essiddik mit à la disposition du messager de Dieu tout ce qu’il possédait avec l’espoir de voir la mission réussir. Les dons se succédèrent de toute part et tout le monde y participa. L’enthousiasme était si grand que très vite l’armée se constitua et atteignit un nombre de soldats jusqu’ici inégalé à savoir 30000 hommes. Seulement cet enthousiasme ne changea rien à la nature harassante du déplacement et certains eurent du mal à répondre volontiers à l’appel. Dans les rangs des hypocrites, la recherche de fausses excuses se mit à fleurir, mais heureusement leur nombre ne fut pas très important. Le prophète  conscient de la lourdeur de la tache qui les attendait fixa pour une fois clairement et, contrairement à son habitude, la destination qu’il voulait atteindre afin que les gens puissent se préparer en conséquence. Bref, en tout et pour tout une centaine de personnes resta à la traîne, 84 exactement selon certaines sources, dont trois compagnons connus pour leur sincérité et leur foi inébranlable en Dieu, en l’occurrence Morarat ibn Rabii, Hilal ibn Oumaya et Kaâb ibn Malik, ce dernier étant le plus jeune et le plus célèbre des trois. Tous les trois en fait n’avaient aucune excuse pour ne pas avoir répondu à l’appel du prophète mais ils restèrent tout de même à Médine. D’ailleurs ils ne tardèrent pas à regretter leur forfait une fois que le messager de Dieu fut parti. Kaâb ibn Malik le dit clairement dans le hadith qui nous conte son histoire: « Même après le départ du prophète dit-il, j’ai eu envie de le rejoindre mais je ne sais pas ce qui m’a empêché de le faire ». Au retour de l’expédition, c’est-à-dire plus d’un mois plus tard, tous les trois se présentèrent au prophète et reconnurent leur faute en toute clarté. Il leur demanda alors de rentrer chez eux et d’attendre le manifeste divin. C’est ainsi qu’ils durent subir une épreuve sans précédent et une attente infernale pendant 50 jours avant que la délivrance ne vienne. Mais l’épreuve fut fructueuse car Allah, contrairement à ceux qui vinrent présenter des excuses fabriquées de toutes pièces, agréa leur repentir et révéla ce verset et les deux qui le précèdent en guise de preuve de Son agrément. Le verset est donc, non seulement, une approbation de la conduite de ces trois compagnons qui ont préféré encourir le mécontentement du prophète plutôt que de mentir, mais également un appel solennel à tous les croyants de toute époque pour qu’ils s’arment d’honnêteté et de sincérité quelques soient les circonstances.


لَقَد تَّابَ الله عَلَى النَّبِيِّ وَالْمُهَاجِرِينَ وَالأَنصَارِ الَّذِينَ اتَّبَعُوهُ فِي سَاعَةِ الْعُسْرَةِ مِن بَعْدِ مَا كَادَ تَزِيغُ قُلُوبُ فَرِيقٍ مِّنْهُمْ ثُمَّ تَابَ عَلَيْهِمْ إِنَّهُ بِهِمْ رَؤُوفٌ رَّحِيمٌ {117} وَعَلَى الثَّلاَثَةِ الَّذِينَ خُلِّفُواْ حَتَّى إِذَا ضَاقَتْ عَلَيْهِمُ الأَرْضُ بِمَا رَحُبَتْ وَضَاقَتْ عَلَيْهِمْ أَنفُسُهُمْ وَظَنُّواْ أَن لاَّ مَلْجَأَ مِنَ اللّهِ إِلاَّ إِلَيْهِ ثُمَّ تَابَ عَلَيْهِمْ لِيَتُوبُواْ إِنَّ اللّهَ هُوَ التَّوَّابُ الرَّحِيمُ {118}

117. Allah a agréé le repentir du Prophète, celui des Emigrés et des Auxiliaires qui l’ont suivi à un moment difficile, après que certains aient été sur le point de dévier. Puis Il accueillit leur repentir car Il est Compatissant et Miséricordieux à leur égard . 118. De même pour les trois qui furent mis en quarantaine si bien que, toute vaste qu’elle fût, la terre leur paraissait exiguë ; ils se sentaient à l’étroit, dans leur propre personne au point de se convaincre qu’il n’y a d’autre refuge d’Allah qu’auprès de Lui. Puis Il agréa leur repentir pour qu’ils reviennent à Lui, car Allah est Celui qui accepte le repentir, le Miséricordieux

Leur foi avait fini par vaincre leurs envies ce qui leur a valu d’être pardonnés puis au même titre que les autres comptés parmi ceux qui répondirent à l’appel du messager de Dieu. Ainsi devrait être tout croyant qui se respecte. Le mensonge n’a pour ainsi dire pas de place dans son lexique. Sa sincérité doit être sa propre caractéristique, et il devrait être capable de la maintenir afin de bénéficier de la rétribution divine destinée aux véridiques. Le Prophète Sidna Mohammed a dit dans un de ses hadith :

Un individu sincère et qui cherche par tous les moyens à le rester a toutes les chances d’être compté parmi les véridiques car la sincérité appelle à la piété et la piété appelle le paradis

Inversement le mensonge n’aboutit à rien qui vaille. Ainsi dans le hadith :

L’individu qui s’inscrit dans la logique du mensonge est compté de fait parmi les menteurs sachant que le mensonge appelle à la déviance et que la déviance guide vers le feu de la géhenne

Un jour un compagnon posa au Prophète la question suivante:

Le croyant peut-il être peureux? Oui répondit le Prophète. Peut-il être avare? C’est possible. Et peut-il être menteur? Assurément non rétorqua t-il.

Puisse Dieu nous compter parmi les véridiques. Amen!

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