Rappel

Nous passons maintenant directement du chapitre n°24, nommé chapitre de la lueur, au chapitre des coalisés qui est le chapitre n°33 du Saint Coran. Ce chapitre comprend 73 versets dont sept appels aux croyants qui tendent tous à former globalement le croyant en matière de piété. Le premier de ces appels rappelle au musulman, à travers l’exemple concret d’une histoire vécue, la Toute-puissance et la Sollicitude divines envers Ses alliés. Il est, en effet, des situations périlleuses dans lesquelles peut se retrouver le croyant et qui peuvent lui paraître a priori inextricables, à tel point qu’il peut être amené à perdre tout espoir de se voir sauver mais qui par la grâce de Dieu finissent par se dénouer comme qui dirait par miracle!

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا اذْكُرُوا نِعْمَةَ اللَّهِ عَلَيْكُمْ إِذْ جَاءتْكُمْ جُنُودٌ فَأَرْسَلْنَا عَلَيْهِمْ رِيحًا وَجُنُودًا لَّمْ تَرَوْهَا وَكَانَ اللَّهُ بِمَا تَعْمَلُونَ بَصِيرًا {9}
9. Ô croyants! Rappelez-vous le bienfait d’Allah sur vous, lorsque des troupes de guerriers vous sont venues et que Nous avons envoyé contre elles une tempête et des troupes invisibles. Allah demeure Clairvoyant sur ce que vous faites.

L’exemple concret auquel fait allusion ce verset est celui du siège de Médine qui a été tenu par les coalisés en l’an V de l’hégire. Pour se défendre et, afin d’éviter des combats de rue, les musulmans creusèrent, sur conseil de Salman le persan, un large fossé autour de la partie sud de Médine. Mais contre toute attente, les juifs des Bani Qoraydha trahirent le pacte de non nuisance qui les liait au prophète r et ouvrirent le front nord de la ville. Ainsi les croyants, alors au nombre de 3000, furent confrontés à trois armées comptant en tout, plus de 10000 hommes. Les qorayshites, conduits par Abou Soufiane, campèrent au sud-est de la ville alors que les ghatafanes formés à eux seuls de trois imposants bataillons dressèrent leur camp au sud-ouest. Les juifs étaient pour leur part prêts à attaquer par le front nord qui était sensé rester fermé. En fait, il faut dire que le chef des bani Qoraydha, du nom de Kaab Ibn Assad, refusa d’abord de rompre le pacte qui le liait à Mohammed r, mais devant l’insistance de Houyay ibn Akhtab, l’un de ses cousins des bani Nadhir, il céda à la tentation d’exterminer le prophète et ses compagnons. La rumeur ne tarda pas à parvenir au messager de Dieu qui de sitôt envoya deux émissaires pour s’assurer de la réalité de la situation et leur demanda de lui faire un rapport secret, question de ne pas ébruiter l’info, chose qui pourrait saper le moral des troupes. Une fois que l’information fut confirmée il ne laissa rien paraître. Bien au contraire, il s’attela à leur remonter le moral mais très vite le siège pesa lourd dans la balance. Les vivres vinrent à manquer et très vite la peur s’empara des assiégés. Un climat d’insécurité s’installa et le danger était tel du coté sud qu’ils durent dégarnir leurs positions nord avec le risque de voir leurs demeures et leurs familles, restées sans protection, attaquées par les juifs. La tension monta à tel point que le doute mina leur conviction vis-à-vis des promesses de victoire que le prophète leur avait faites alors qu’ils creusaient le fameux fossé. Les hypocrites pour leur part s’en donnèrent à cœur joie en faisant des remarques désobligeantes, et une fois n’est pas coutume, ils étalèrent leurs réelles intentions de mécréance, ce qui ne manqua pas d’alimenter les rumeurs sur une défaite totale imminente. D’ailleurs l’image faite du cœur remontant à la gorge décrit très bien le climat de terreur qui régnait dans les rangs. Le prophète lui-même, devant la gravité de la situation, et dans une tentative d’alléger la pression, tenta de négocier la levée du siège avec la tribu des Ghatafanes en leur proposant le tiers de la récolte médinoise en échange s’ils s’en allaient. Mais Saâd ibn Mouadh t, qui était un chef médinois très respecté, refusa cette solution quand le messager de Dieu lui demanda son avis, ce qui valut aux musulmans de devoir endurer l’épreuve du siège encore plus longtemps..

إِذْ جَاؤُوكُم مِّن فَوْقِكُمْ وَمِنْ أَسْفَلَ مِنكُمْ وَإِذْ زَاغَتْ الْأَبْصَارُ وَبَلَغَتِ الْقُلُوبُ الْحَنَاجِرَ وَتَظُنُّونَ بِاللَّهِ الظُّنُونَا {10}
10. Lorsqu’ils vous vinrent de toutes parts, et que les regards étaient fixés, et que les cœurs remontaient aux gorges, vous faisiez alors sur Allah toutes sortes de suppositions…

Les tours de garde étaient devenus de plus en plus pénibles. Rien du point de vue militaire ne devait plus être laissé au hasard et une seule minute de répit pouvait se révéler fatale. Certains parmi l’ennemi avaient même réussi à sauter par-dessus le fossé, mais fort heureusement, Ali ibn Abi Taleb était là pour les mettre en déroute.

هُنَالِكَ ابْتُلِيَ الْمُؤْمِنُونَ وَزُلْزِلُوا زِلْزَالًا شَدِيدًا {11}
11. Les croyants furent alors éprouvés et secoués d’une dure secousse

C’est à ce moment là uniquement, après plus d’un mois, et alors que l’épreuve avait atteint son apogée et qu’aucune réelle défection n’avait été enregistrée, que la main du destin se manifesta en faveur du prophète r et de ses guerriers, d’une part par la conversion à l’Islam de Nouaïm Ibn Messaoud, et d’autre part par le déclenchement d’une tempête qui s’abattit sur leurs adversaires et l’intervention des anges sur ordre de Dieu pour instaurer le sentiment d’insécurité dans les rangs de ces derniers. Nouaïm Ibn Messaoud était de la tribu des Ghatafanes qui soutenait les qorayshites dans leur attaque. Il venait de se convertir à l’Islam et personne n’en était encore au courant. Quand il vint présenter allégeance au prophète, celui-ci lui demanda d’user de ruse avec l’ennemi, ce qu’il fit admirablement, si bien que très vite les juifs de bani Qoraydha reculèrent et la zizanie dans les rangs des coalisés fut telle que la dissension ne tarda pas à s’installer parmi eux. La tempête, pour sa part, fut d’une si rare violence qu’elle ne laissa aucune chance de maintenir le siège aux coalisés qui se virent contraints à partir d’autant que de l’autre coté du fossé les vis-à-vis étaient tout à fait indemnes de ce dont ils souffraient! L’épreuve, qui fut réellement très dure, était bel et bien terminée. Elle avait pris fin par la grâce de Dieu mais le djihad n’était pas pour autant terminé. Les musulmans n’étaient pas encore rentrés chez eux que le messager de Dieu reçut l’ordre de se tourner vers les juifs de Bani Qoraydha. Ainsi les assiégea t-il quelques jours mais ils finirent par se rendre après que leur chef, kaâb Ibn Assad, leur ait proposé, pour sauver leur peau de se convertir mais ils refusèrent catégoriquement pour la plus part d’entre eux. Bref, ceux qui avaient fomenté la trahison furent condamnés à mort alors que d’autres ainsi que les femmes, les enfants et les vieillards furent épargnés. Certains même se convertirent à l’Islam et vécurent, avec leur descendance, en parfaite harmonie avec leur nouvelle religion et sa communauté.

S'élever avec le Coran