Quelle belle qualité

Nous sommes au rendez-vous du dernier appel céleste retrouvé dans le chapitre de la famille d’Amram. Ce chapitre a été réservé en grande partie aux tenants et aux aboutissants du Djihad et des leçons à en tirer surtout après la défaite de Ohoud qui sema un certain doute dans l’esprit des musulmans. Un appel final à l’endurance et à la patience était donc nécessaire pour la suite des évènements..

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ اصْبِرُواْ
200. Ô croyants; endurez

L’endurance et la patience font partie des bases du comportement que prône l’Islam. Nous en avons déjà largement parlé lors de notre commentaire du verset de la génisse dans lequel Dieu nous conseille de chercher secours dans l’endurance et la prière. Dieu a commandé certaines choses et en a interdit d’autres. De même la vie est faite d’évènements heureux et d’autres moins heureux. Et dans chacune de ces situations l’endurance a son mot à dire. Sans endurance l’être humain ne peut se plier aux obligations de l’Islam. La prière par exemple sous entend un certain nombre de rites que la personne n’est pas toujours disposée à satisfaire mais l’endurance et la patience interviennent pour que cette même personne qui n’a pas envie de faire sa prière accède avec bonté de cœur et de bonne foi au culte prescrit par Dieu. Sans endurance l’homme ne peut se détourner facilement des délices de la vie qui se proposent à lui. Ses envies sont fortes et touchent parfois à l’interdit et l’homme par définition tend facilement vers cet interdit. Qui donc n’a jamais eu envie de goûter ne serait-ce qu’une fois à une boisson illicite ? Seulement l’endurance que lui procure sa foi lui permet de se défaire de cette envie. Sans endurance l’homme qui vit dans l’aisance est régulièrement tenté par ces mêmes délices qui sont, dans son cas précis, à portée de sa main. Souvent l’aisance cultive un sentiment de supériorité chez la personne qui en jouit et comme par enchantement elle n’éprouve plus d’égard envers les interdits divins. Dans toutes ces situations, c’est encore fois l’endurance qui permet au musulman de s’en sortir. Sans endurance l’homme n’arrive pas à accepter les maux et malheurs susceptibles de s’abattre sur lui. Une catastrophe n’est naturellement jamais la bienvenue mais l’endurance du croyant lui permet de passer les différentes épreuves de la vie sans véritable encombre. C’est d’ailleurs cette disposition à endurer le malheur qui distingue le croyant de celui dont la foi est plutôt fébrile. Le Prophète sidna Mohammed a dit :

Curieuse est la réalité du croyant ; elle le mène toujours vers le bien. Quand un bonheur l’atteint il remercie Dieu.. ce qui lui est revalu, et quand un malheur s’abat sur lui il se résigne et endure l’épreuve avec foi.. ce qui lui est revalu également

Et effectivement pour cette deuxième situation Dieu dit dans le verset n°10 du chapitre des groupes :

إِنَّمَا يُوَفَّى الصَّابِرُونَ أَجْرَهُم بِغَيْرِ حِسَابٍ
Les endurants auront leur pleine récompense sans compter

On raconte que le Prophète, visitant un jour le cimetière, rencontra une femme qui pleurait sur une tombe. Il voulut la réconforter en lui disant : « ais donc la foi et soit endurante ». Mais elle lui répondit : laisse-moi tranquille, tu n’as pas été frappé du même malheur que moi et d’ailleurs tu ne le connais même pas, parlant de son défunt. Le prophète s’en alla alors sans ajouter un seul mot, et quelqu’un souffla à la dame qu’il s’agissait du messager de Dieu. Elle accourut alors pour s’excuser, après coup, de son comportement et ne trouvant pas de portier devant sa maison elle s’écria : « ô messager de Dieu, je ne t’ai pas reconnu ! » Mais le prophète  lui répondit : « la véritable endurance est celle qui se manifeste lors du choc premier ». La pauvre femme n’avait pas saisi l’astuce. L’essentiel n’est pas de faire en sorte que son prochain soit satisfait de notre réplique à n’importe quel prix, même s’il s’agit du prophète, mais plutôt de veiller à ce que Dieu soit satisfait.. et dans des conditions pareilles à celle de cette bonne femme, seule l’endurance est capable de hisser l’homme au niveau tant souhaité. Mais à vrai dire ce niveau reste difficile à atteindre et nécessite de l’entraînement et un soutien. L’entraînement provient de la foi qu’il faut s’atteler à couver et à cultiver. Le soutien par contre nécessite l’action en groupe et c’est pourquoi Dieu dit:

وَصَابِرُواْ
Incitez-vous mutuellement à l’endurance.

La capacité d’encaissement d’un choc est beaucoup plus grande chez un individu quand le malheur atteint plusieurs personnes à la fois. Ceci est bien connu. Les arabes disent d’ailleurs à travers une vieille expression :

Une catastrophe a toujours un impact amoindri quand elle est générale

Enfin il faut toujours rester sur le qui vive en temps de guerre pour ne pas se faire avoir par l’ennemi..

وَرَابِطُواْ
Restez constamment sur le qui-vive

Tout en sachant que l’ennemi peut aussi être représenté par le démon car le djihad ne veut pas dire uniquement guerre ; il a de nombreuses significations que nous aurons certainement l’occasion d’évoquer prochainement. L’essentiel dans tout cela est de persévérer dans le cadre de la piété, même en situation de guerre, car c’est la seule et unique garante de la réussite.

وَاتَّقُواْ اللهَ لَعَلَّكُمْ تُفْلِحُونَ (200)
Et craignez (prenez garde à) Allah, afin que vous réussissiez !

Prions Dieu de nous compter parmi les pieux pleins de vertu.

S'élever avec le Coran