De quel parti êtes vous?

Nous passons aujourd’hui au 47ème chapitre du saint Coran qui est nommé chapitre de Mohammed. Il comporte deux grands appels célestes. Le premier concerne la cause d’Allah et la nécessité pour le croyant d’en être un soutien inconditionnel.. Le second a trait encore une fois à l’obéissance. Voyons donc le premier..

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِن تَنصُرُوا اللَّهَ يَنصُرْكُمْ وَيُثَبِّتْ أَقْدَامَكُمْ {7}
7. Ô croyants! si vous vous rangez du coté d’Allah, Il vous fera triompher et raffermira vos pas

L’appel est exprimé sous forme d’une demande conditionnée par le soutien à Dieu, or comme tout le monde le sait, Dieu Tout-puissant n’a besoin du soutien de personne pour faire triompher Sa cause! Ce semblant d’ambivalence pourrait conduire certains à dire qu’il y a un contresens! Ce qui naturellement n’est pas vrai et nous mène à poser la question suivante : que veut donc dire cet appel? Il s’agit en vérité d’un appel à une inscription pure et simple des croyants dans un processus destiné à leur faire glaner les lauriers de la victoire par la grâce de Dieu et de les faire rentrer dans les rangs des nantis. Ainsi la fonction du croyant ici-bas devient une fonction de recherche de la piété, car pour pouvoir réellement soutenir la cause de Dieu il faut avant tout être pieux, c’est-à-dire faire triompher cette cause en soi d’abord. Autrement dit, vaincre son ego par rapport à l’amour qu’on porte à Dieu et qui doit devenir pour ainsi dire prioritaire. C’est dire la nécessité d’une phase préparatoire ou comme qui dirait de stage car en effet une personne qui prend le temps de se préparer rigoureusement à une mission donnée a plus de chance de la mener à bien. Prenons pour mieux comprendre l’exemple du prophète et de ses compagnons au tout début. La permission de faire la guerre ne leur a été donnée que dix ans après la venue du message divin. Toutes sortes de supplices leur furent infligés de la part des Mecquois et pourtant ils ne leur était pas permis de réagir avec violence. Pendant dix longues années ils durent patienter, endurer avant de pouvoir réellement se défendre. En agissant ainsi la nouvelle idéologie faisait d’une pierre deux coups :

  • Non seulement, elle donnait le temps de se convertir à ceux qui n’étaient pas encore convaincus, délai nécessaire avant que des représailles ne soient prises à leur encontre, conformément au verset du chapitre du voyage nocturne:


وَمَا كُنَّا مُعَذِّبِينَ حَتَّى نَبْعَثَ رَسُولاً

Et Nous n’avons jamais puni avant d’avoir envoyé un Messager

  • Mais également permettait aux fidèles de se préparer et de mieux se former à la mission qui allait devenir la leur à savoir la diffusion de la parole de Dieu avec sagesse, au moyen de l’exhortation et du bon argumentaire avant bien sûr de faire appel à la violence ou la force quand tous ces outils sont voués à l’échec.

Il ne s’agit donc pas, comme cela pourrait venir à l’esprit, de partir en guerre contre le mal ou contre tout ce qui viendrait s’ériger en barrage devant la foi, n’importe quand, n’importe comment mais d’établir plutôt une stratégie de réforme de soi avant même de songer à réformer son entourage, et ce afin de pouvoir endurer et s’armer de la patience nécessaire si jamais l’occasion de partir en guerre se présentait. Rappelons à ce propos que le fait de déserter constitue un des sept péchés majeurs recensés par le prophète  et que la désertion, dans le sens d’abandon de sa mission, ne se produit habituellement que lorsque la préparation à cette mission a été insuffisante. Bref, l’idée de soutien à la cause de Dieu est itérative dans le Coran. Nous la retrouvons, sous à peu près la même forme, dans le chapitre du pèlerinage dans lequel Dieu dit :


الَّذِينَ أُخْرِجُوا مِن دِيَارِهِمْ بِغَيْرِ حَقٍّ إِلَّا أَن يَقُولُوا رَبُّنَا اللَّهُ وَلَوْلَا دِفَاعُ اللَّهِ النَّاسَ بَعْضَهُم بِبَعْضٍ لَّهُدِّمَتْ صَوَامِعُ وَبِيَعٌ وَصَلَوَاتٌ وَمَسَاجِدُ يُذْكَرُ فِيهَا اسْمُ اللَّهِ كَثِيراً وَلَيَنصُرَنَّ اللَّهُ مَن يَنصُرُهُ إِنَّ اللَّهَ لَقَوِيٌّ عَزِيزٌ {40}

40. ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, de façon tout à fait injuste, simplement parce qu’ils disaient : “Allah est notre Seigneur”. Si Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d’Allah est largement évoqué. Allah soutient, certes, ceux qui Le soutiennent. Allah est assurément Fort et Puissant

Inversement, ceux qui, pour une raison ou une autre, ne s’inscrivent pas dans cette logique de soutien devront prendre leur responsabilité à bras le corps..

وَالَّذِينَ كَفَرُوا فَتَعْساً لَّهُمْ وَأَضَلَّ أَعْمَالَهُمْ {8}
8. Et quand à ceux qui ont mécru, il y aura un malheur pour eux, et Il rendra leurs œuvres vaines.

En fait ce qui est ici traduit par malheur supporte plusieurs sens qu’El Kortobi résume en dix points d’après les explications données par les différents exégètes du saint Coran et que nous synthétiserons comme suit:

  • Malheur dans le sens de l’éloignement vis-à-vis de Dieu
  • Malheur dans le sens de tristesse et de malédiction
  • Malheur dans le sens de dévalorisation
  • Malheur dans le sens de perte et de désespoir
  • Malheur dans le sens du tant pis pour eux

Quoiqu’il en soit toutes ces explications ont un seul et même aboutissement qui est celui de l’annulation des actions même quand elles sont a priori bien intentionnées..

ذَلِكَ بِأَنَّهُمْ كَرِهُوا مَا أَنزَلَ اللَّهُ فَأَحْبَطَ أَعْمَالَهُمْ {9}
9. C’est parce qu’ils ont eu de la répulsion pour ce qu’Allah a révélé, qu’Il a rendu vaines leurs œuvres

Car Allah n’agrée que l’action qui prend naissance dans la foi et la bonne intention. En effet, d’après les grands érudits du Fikh, il est classique de dire que l’agrément ne peut avoir lieu que si deux conditions s’y trouvent réunies :

  • l’action doit être motivée par une bonne intention « Annia » et donc émaner d’un cœur croyant qui désire faire du bien.
  • l’action doit être concordante avec ce que Dieu a prescrit car quand bien même serait-elle motivée d’une bonne intention elle ne pourrait être agréée si elle s’avère maléfique.

Puisse Allah nous guider vers le droit chemin et agréer aussi bien nos actions que les intentions que nous y mettons. Amen

S'élever avec le Coran