Parole de prophète

Le deuxième appel céleste du chapitre du butin est le premier d’une série de quatre appels qui vont se succéder pratiquement sans intermède. Il s’agit d’un nouvel appel à obéissance au prophète et partant de là, bien sûr, à Dieu.. Il comporte néanmoins deux particularités par rapport à ses précédents. La première est qu’il survient après un certain nombre de vérités qui ont été contées depuis le début du chapitre et qui sont devenues, du moins à l’époque, de l’ordre du vécu. Les compagnons, fort de la confiance qu’ils vouaient au prophète venaient en effet de sortir vainqueurs de la bataille de Badr alors qu’ils n’avaient ni l’équipement ni l’effectif nécessaires à la victoire. Ils eurent par conséquent l’occasion de constater et de façon la plus concrète comment la main du destin s’est tendue à eux pour leur venir en aide et leur prêter soutien. Ils vérifièrent aussi comment cette même main a guidé leurs adversaires vers la déroute. Aussi, leur foi ayant été raffermie par des évènements concrets, comme quoi l’obéissance ne pouvait les mener que vers la voie de la réussite, ils n’avaient donc plus d’autre choix que de répondre présents à l’appel à cette obéissance et de ne point tergiverser, les choses étant on ne peut plus claires..


َيا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ أَطِيعُواْ اللّهَ وَرَسُولَهُ وَلاَ تَوَلَّوْا عَنْهُ وَأَنتُمْ تَسْمَعُونَ {20}

20. Ô croyants! Obéissez à Allah et à Son messager et ne vous détournez pas de lui alors que vous l’entendez

La deuxième particularité du verset par rapport aux autres appels à obéissance est qu’ici l’appel est assorti d’une mise en garde contre le fait de ne pas faire attention aux directives du prophète ou encore d’en prendre connaissance en bonne et due forme et de faire semblant par la suite de ne pas en être au courant. Bon nombre de musulmans aujourd’hui adoptent malheureusement ce comportement, parfois même sans s’en rendre véritablement compte, et il nous importe ici d’attirer leur attention à cet effet. Le besoin d’être obéissant à Dieu et à Son messager est primordial pour tout bon musulman. Il est inconcevable pour nous autres musulmans que de séparer la parole de Dieu de celle du prophète. Celui-ci est Son messager et par conséquent il ne peut transmettre au monde que ce qui lui a été révélé sans plus, et de la manière la plus fidèle qu’il soit. Autrement dit, la parole de Dieu et celle du prophète ne font qu’une. Prenons un exemple..

Souvent on discute à bâtons rompus et il nous arrive de citer un hadith ou une tradition du prophète. Combien est alors notre étonnement quand l’interlocuteur dit, et le plus simplement du monde: « s’il s’agit d’un verset du Coran, je veux bien m’y soumettre, mais si c’est un hadith je n’y crois pas ou.. je préfère temporiser, ou encore.. pour les plus insolents d’entre eux, je pense qu’il est à délaisser! Il s’agit là d’une position tout à fait illogique et erronée car les hadiths sont là, entre autres, pour nous clarifier et nous détailler le sens des versets du Saint Coran, si bien que l’on trouve dans le livre sacré le verset suivant:


وَمَا آتَاكُمُ الرَّسُولُ فَخُذُوهُ وَمَا نَهَاكُمْ عَنْهُ فَانتَهُوا

Prenez ce que le Messager vous donne; et ce qu’il vous interdit, abstenez-vous en

Naturellement l’appel d’aujourd’hui concerne exclusivement les croyants qui sont appelés à s’y plier. Ce qui veut dire que quiconque se détourne délibérément de lui est comme celui qui se considère de façon implicite comme non croyant car en effet en relisant le verset on se rend compte que l’appel à l’obéissance concerne aussi bien Allah que le prophète alors que la mise en garde est faite au singulier comme si elle ne concernait que le messager de Dieu. Or, les exégètes du Coran assurent que cette tournure de phrase est intentionnelle, et ce pour faire comprendre que se détourner du prophète revient à se détourner automatiquement d’Allah et quiconque se détourne d’Allah renie sa foi. D’ailleurs la mise en garde se précise par un second avertissement dans le verset qui suit :


وَلاَ تَكُونُواْ كَالَّذِينَ قَالُوا سَمِعْنَا وَهُمْ لاَ يَسْمَعُونَ {21}

21. Et ne soyez pas comme ceux qui disent : « Nous avons entendu », alors qu’ils n’entendent pas

Il s’agit de ne pas tomber dans les mêmes erreurs que celles commises par certains juifs ou polythéistes ou autres hypocrites à qui il arrivait d’entendre les dires du prophète sans pour autant leur donner suite concrète. Autrement dit, le musulman doit non seulement dire: j’entends et j’obéis mais aussi pratiquer la choses dans les faits, c’est-à-dire, faire en sorte que ses dires soient concordants avec ses actions. On ne peut en effet accepter qu’un bon musulman fasse le contraire de ce qu’il dit car cela reviendrait de sa part à se comporter tel un hypocrite, ce qui manifestement serait inacceptable puisque justement les hypocrites sont considérés par Dieu comme la pire des espèces:


إِنَّ شَرَّ الدَّوَابَّ عِندَ اللّهِ الصُّمُّ الْبُكْمُ الَّذِينَ لاَ يَعْقِلُونَ {22}

22. Les pires créatures auprès d’Allah, sont, en vérité, les sourds-muets qui ne raisonnent point

Ici l’expression « sourds-muets » est bien sûr utilisée au sens figuré pour désigner ceux qui s’obstinent à ne faire que ce que bon leur semble sans se soucier de quiconque ni de quoi que ce soit ; et c’est d’ailleurs pour cela qu’Allah dit ensuite..


وَلَوْ عَلِمَ اللّهُ فِيهِمْ خَيْرًا لَّأسْمَعَهُمْ

23. Et si Allah avait reconnu en eux quelque bien, Il aurait fait en sorte qu’ils entendent.

C’est leur choix délibéré de la mécréance qui les a fait courir à la perte et quand bien même ils auraient été avantagés, quand bien même ils auraient été avertis, ils n’auraient pas saisi l’occasion qui leur est offerte et se seraient rangés du côté des insensés.


وَلَوْ أَسْمَعَهُمْ لَتَوَلَّواْ وَّهُم مُّعْرِضُونَ {23}

Or, même s’Il les faisait entendre, ils tourneraient sûrement le dos en s’éloignant

Pas comme ceux qui de prime abord se détournent du bien puis une fois seuls se remettent objectivement en question, repensent la chose et reviennent sur leurs pas en toute liberté. Puisse Allah nous faire entendre puis entrevoir la vérité.

S'élever avec le Coran