Muezzin

Le neuvième appel aux croyants que l’on rencontre dans le chapitre de la table servie sort lui aussi du registre de la mise en garde contre l’apostasie. Il vient juste après le précédent et met en garde, non seulement contre le parti des gens du livre à savoir les juifs de Médine qui avaient pris sur leur compte de porter préjudice à l’Islam, mais aussi contre tous ceux qui se liguent avec ou sans eux dans ce même objectif..

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ لاَ تَتَّخِذُواْ الَّذِينَ اتَّخَذُواْ دِينَكُمْ هُزُؤاً وَلَعِباً مِّنَ الَّذِينَ أُوتُواْ الْكِتَابَ مِن قَبْلِكُمْ وَالْكُفَّارَ أَوْلِيَاء
57. Ô croyants! Ne prenez pas pour alliés ceux qui tournent en raillerie et futilité votre religion, parmi ceux à qui le Livre auparavant fut donné et parmi les mécréants

Rappelons à ce sujet que juste après avoir dénoncé l’apostasie Dieu avait défini les limites des alliances auxquelles les croyants ont droit. Il dit en effet:

إِنَّمَا وَلِيُّكُمُ اللّهُ وَرَسُولُهُ وَالَّذِينَ آمَنُواْ الَّذِينَ يُقِيمُونَ الصَّلاَةَ وَيُؤْتُونَ الزَّكَاةَ وَهُمْ رَاكِعُونَ {55}
55. Vous n’avez d’autres alliés qu’Allah, Son messager, et les croyants qui accomplissent la prière, s’acquittent de l’aumône, et s’inclinent devant Allah

Le jeu des alliances est donc bien limité et répond à un certain nombre de règles bien définies. Il n’est donc pas question de tergiverser dans le choix de ses alliés quand bien même seraient-ils proches de celui qui veut sceller l’alliance surtout s’ils ne satisfont pas aux critères sus cités. Les alliés doivent être pris dans les rangs de ceux qui obéissent à Dieu en toute confiance, et Dieu donne alors l’assurance de la victoire finale.

وَمَن يَتَوَلَّ اللّهَ وَرَسُولَهُ وَالَّذِينَ آمَنُواْ فَإِنَّ حِزْبَ اللّهِ هُمُ الْغَالِبُونَ {56}
56. Quiconque prend pour alliés Allah, Son messager et les croyants, (sache que) c’est alors le parti d’Allah qui sera victorieux

D’ailleurs si la foi est ancrée dans le cœur du croyant, sa confiance en Allah est telle qu’elle le pousse à être encore plus pieux et ce entre autres, en choisissant, et une fois pour toute, le parti auquel il est sensé adhérer.. à savoir le parti de Dieu. Et c’est pourquoi Allah dit en fin de verset et après sa mise en garde contre le fait de s’allier aux non musulmans..

وَاتَّقُواْ اللّهَ إِن كُنتُم مُّؤْمِنِينَ {57}
Et craignez Allah si vous êtes vraiment croyants

Ensuite, et comme pour donner quelques précisions sur ceux qu’il ne convient pas de prendre pour alliés, Dieu ajoute au décours du verset..

وَإِذَا نَادَيْتُمْ إِلَى الصَّلاَةِ اتَّخَذُوهَا هُزُؤاً وَلَعِباً ذَلِكَ بِأَنَّهُمْ قَوْمٌ لاَّ يَعْقِلُونَ {58}
58. Et lorsque vous faites l’appel à la prière, ils la prennent en raillerie et futilité. C’est qu’ils sont des gens qui ne raisonnent point

Quand l’appel à la prière par le biais du muezzin fut institué les juifs de Médine prirent la chose en raillerie et se mirent à ricaner entre eux. Ils allèrent par la suite dire au prophète sur un ton moqueur qu’il avait institué quelque chose de vraiment étrange. En fait, ils n’avaient manifestement pas compris ou feignaient-ils de ne pas comprendre, que cette façon de faire était une façon pour les croyants de se distinguer en tant que nouvelle communauté et de prendre justement le large par rapport à eux et à leurs actes de culte. L’affaire du changement de la qibla s’était d’ailleurs déroulée à peu près à la même période. Rappelons toutefois à ce sujet que l’institution de l’appel à la prière ne se fit pas fortuitement, mais fit l’objet de concertations. Effectivement avant de l’instaurer tel qu’il est pratiqué de nos jours, le prophète  prit l’avis de ses compagnons et de nombreuses méthodes furent âprement discutées et un beau jour curieusement et de façon simultanée un certain nombre d’entre eux dont Abou Bakr et Omar ibn Khattab mais également un certain Abdallah ibn Zaid virent en songe l’appel que nous connaissons tous. Ils allèrent tous ensemble en informer le messager de Dieu qui en prit note et demanda à Bilal de l’exécuter. L’appel à la prière tel qu’il est pratiqué aujourd’hui a depuis lors prit une ampleur extraordinaire. Non seulement il représenta une manière distincte de celle adoptée par les gens du livre pour rassembler les fidèles mais aussi plus civilisée que le son de cloche ou tout autre moyen de signalisation et ce pour la simple raison qu’il comporte des paroles relatives au « dhikr » et à l’invocation de Dieu avec tout ce que cela sous entend comme récompense et rétribution. Souvenons-nous à ce propos du hadith dans lequel Sidna Mohammed révèle :

Quiconque répète avec le muezzin l’appel à la prière puis invoque Allah en demandant pour moi la «wassilah» obtiendra automatiquement mon intercession le jour du jugement dernier

Et dans un autre hadith le Prophète dit :

Quiconque répète avec le muezzin ce qu’il dit puis termine son invocation par « j’agrée et j’accepte Allah comme Seigneur, Mohammed comme prophète et l’Islam comme religion », voit ses péchés pardonnés

Par ailleurs l’importance de l’appel à la prière ne se limita pas à ceci. Il se transforma au fil du temps en outil porteur de paix. Très vite le prophète l’adopta comme critère dont l’absence donnait le droit aux croyants en période de guerre d’attaquer une position supposée ennemie. Le Prophète n’attaquait en effet jamais avant l’aube et s’assurait que l’appel à la prière de l’aube n’avait pas eut lieu. Autrement dit, il est interdit aux musulmans d’attaquer avant qu’ils ne s’assurent que la communauté en question n’appelle pas à la prière, ce qui dans la logique de l’Islam est synonyme de non pratique de cet acte de culte et donc assimilé à la mécréance.

Puisse Allah nous permettre d’interpréter correctement les préceptes de notre merveilleuse religion.

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