Quand le moment de la mort arrive

Le dix septième appel aux croyants traite lui aussi des retombées du Djihad, toujours dans le sillage de la bataille de Ohoud et de la défaite qui s’en est suivie. Rappelons à ce propos que l’armée qui devait se déplacer avec le Prophète avait été amputée du tiers de ses combattants après la défection d’un certain Abdallah ibn Obay. Celui-ci non d’accord avec la stratégie démocratiquement décidée par le Prophète pour cette bataille se retira avec une partie de l’armée et s’en donna à cœur joie après que la défaite fut consommée pour faire valoir l’avis personnel qu’il avait émis. Dieu dit :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ لاَ تَكُونُواْ كَالَّذِينَ كَفَرُواْ وَقَالُواْ لإِخْوَانِهِمْ إِذَا ضَرَبُواْ فِي الأَرْضِ أَوْ كَانُواْ غُزًّى لَّوْ كَانُواْ عِندَنَا مَا مَاتُواْ وَمَا قُتِلُواْ
156. Ô croyants ! Ne soyez pas comme ces mécréants qui dirent de leurs frères partis en voyage ou pour combattre: s’ils étaient restés avec nous, ils ne seraient pas morts, et n’auraient pas été tués

Les personnes nommées ici mécréants ou impies sont en fait un groupe d’hypocrites dont Abdallah ibn Obay représentait le chef de file. Certains médinois, en effet, après la venue du Prophète avaient choisi de ne pas embrasser la nouvelle religion. Ils feignirent la foi tout en persistant dans leur mécréance. De fait, ils avaient pris l’habitude de semer le doute dans les rangs des croyants à chaque fois que l’occasion se présentait à eux. Et justement la défaite de Ohoud fut pour eux l’occasion rêvée pour tourner le camp de Mohammed  en risée. En effet, un grand nombre de musulmans dont la plupart étaient médinois avaient péris lors de la bataille. Les hypocrites saisirent donc l’occasion pour fustiger leurs concitoyens tombés au combat et ceux qui furent blessés en leur faisant remarquer que s’ils avaient écouté leurs conseils et s’ils étaient restés parmi eux, rien ne leur serait arrivé. Seulement ces derniers, protégés par la foi en la prédestination et le libre arbitre ne se prêtèrent pas à ce jeu, ce qui ne manqua pas de déplaire aux hypocrites en générant chez eux un certain dégoût..

لِيَجْعَلَ اللهُ ذَلِكَ حَسْرَةً فِي قُلُوبِهِمْ
Allah en fit un sujet de regret dans leurs cœurs

Il faut comprendre par là que la mort n’est pas une affaire de circonstance mais plutôt une fatalité. Du moins c’est ainsi qu’elle doit être considérée par les musulmans qui ne devraient pas reculer devant une mission sous prétexte qu’ils risquent d’y laisser la peau. Car la foi du musulman lui dicte que seul Dieu décide du moment et du lieu de la mort de chacun d’entre nous.

وَاللهُ يُحْيِي وَيُمِيتُ وَاللهُ بِمَا تَعْمَلُونَ بَصِيرٌ (156)
C’est Allah qui donne la vie et la mort. Allah observe bien ce que vous faites

Combien de personnes sont-elles allées en guerre et en sont revenues saines et sauves et combien d’autres restées chez elles bien au chaud ne prenant aucun risque, pensant pouvoir échapper à l’issue fatale, se sont retrouvées six pieds sous terre. Allah ne dit-il pas justement dans ce même chapitre quelques versets plus haut:

قُل لَّوْ كُنتُمْ فِي بُيُوتِكُمْ لَبَرَزَ الَّذِينَ كُتِبَ عَلَيْهِمُ الْقَتْلُ إِلَى مَضَاجِعِهِمْ
Dis : « Eussiez-vous été dans vos maisons, ceux pour qui la mort est décrétée iraient rejoindre l’endroit où son rendez-vous leur est fixé! »

Autrement dit, personne ne peut échapper à la mort quand son terme arrive. Dieu dit à ce propos dans le verset n°32 du chapitre des estrades « Al Aâraf » :

فَإِذَا جَاء أَجَلُهُمْ لاَ يَسْتَأْخِرُونَ سَاعَةً وَلاَ يَسْتَقْدِمُونَ (32)
Quand leur terme arrive, ils ne peuvent ni le retarder ni le hâter (non plus)

D’ailleurs le verset qui suit anéantit les espoirs que les mécréants ont pu nourrir par rapport aux efforts qu’ils ont fournis pour convaincre les musulmans de leurs supercheries. Quand bien même le musulman serait tué dans la voie de Dieu, cela n’est guère un problème, car tout simplement il sera généreusement rétribué..

وَلَئِن قُتِلْتُمْ فِي سَبِيلِ اللهِ أَوْ مِتُّمْ لَمَغْفِرَةٌ مِّنَ اللهِ وَرَحْمَةٌ خَيْرٌ مِّمَّا تَجْمَعُونَ (157)
157. Et si vous êtes tués pour la cause d’Allah ou si vous mourez, un pardon de la part d’Allah et une miséricorde valent mieux que ce qu’ils amassent

Ainsi le musulman convaincu du bien fondé de son djihad et de l’issue favorable de son action, quelque soit le résultat qui en découle, se retrouve galvanisé par de tels propos et ne prête plus attention à ce qu’il a de plus cher au monde.. sa propre vie. Le sacrifice suprême devient alors une simple formalité tant qu’il se situe dans le cadre général de l’agrément divin. Et quoiqu’il en soit :

وَلَئِن مِّتُّمْ أَوْ قُتِلْتُمْ لإِلَى الله تُحْشَرُونَ (158)
158. Que vous mouriez ou que vous soyez tués, c’est vers Allah que vous serez rassemblés

Le retour vers Dieu reste inévitable et par conséquent que l’on meurt tué.. sur un lit d’hôpital.. ou dans sa chambre à coucher, cela revient exactement au même puisque tout décédé retournera vers Dieu quelques soient les circonstances de sa mort et sera jugé sur ce qu’il aura fait ici-bas le jour de la résurrection.

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