Foi et croyance

Le verset que nous projetons d’analyser ici fait immédiatement suite à celui qui le précède et qui nous a entretenu à propos du témoignage.. et dans lequel Allah avait appelé à une justice totale. Juste après cet appel solennel à la l’institution d’une justice sans faille parmi les hommes un second appel survient pour rappeler que, sans la véritable foi, rien ne peut être espéré..

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ آمِنُواْ بِاللّهِ
136. Ô croyants! croyez en Allah,

L’appel serait adressé ici selon certains interprètes du saint Coran aux juifs Médinois qui s’étaient convertis du temps du prophète et qui lui avaient demandé de croire en Dieu et en lui tout comme ils croient en Moïse et au livre qui avait été donné à ce dernier. D’autres exégètes ont estimé que cet appel s’adresse aux hypocrites qui feignaient la croyance sans que celle-ci ne soit réelle. Mais en réalité le plus plausible d’après la majorité des érudits est que cet appel s’adresse à tous les musulmans non pas pour qu’ils deviennent croyants puisqu’ils le sont déjà mais pour qu’ils puissent parfaire leur foi et qu’ils persévèrent dans cette voie. Le musulman ne dit-il pas dans chacune de ses prières, à chaque agenouillement : guide nous vers le droit chemin! demandant ainsi à Dieu l’aide nécessaire dans sa recherche de cette perfection. Sauf qu’ici l’homme doit comprendre que la foi en Dieu passe nécessairement par la foi en Son messager et celle en toutes les écritures saintes révélées par Dieu sans exception même si pour leur part ceux qui suivent les enseignements de la Torah et des évangiles refusent de croire au Coran comme texte sacré et au prophète qui a rapporté ce Coran. La haine ou l’animosité que pourrait éprouver quelqu’un envers le musulman ne devrait pas être cause de réaction négative de la part de ce dernier. Bien au contraire le musulman est appelé à ne pas prêter attention à cette politique du dénigrement qui prévaut chez les autres. Il lui est franchement déconseillé de leur rendre la pareille en dénigrant leur croyance ou en niant l’existence des écritures antérieures. Bien au contraire encore celles-ci doivent faire partie intégrante et indissociable de sa propre foi. C’est pourquoi Allah précise dans la suite du verset:

آمِنُواْ بِاللّهِ وَرَسُولِهِ وَالْكِتَابِ الَّذِي نَزَّلَ عَلَى رَسُولِهِ وَالْكِتَابِ الَّذِيَ أَنزَلَ مِن قَبْلُ
Croyez.. en Allah, Son messager, le Livre qu’il a révélé à Son messager, et les Livres qu’il a révélés auparavant

Il est clair que le musulman ne peut être véritablement musulman qu’après avoir cru en tout ce que Dieu a annoncé par la voix de son messager. Sachant que tout écart à cette règle l’expose inéluctablement à l’annulation pure et simple de sa foi et donc au courroux divin, qu’Allah nous en préserve..

وَمَن يَكْفُرْ بِاللّهِ وَمَلاَئِكَتِهِ وَكُتُبِهِ وَرُسُلِهِ وَالْيَوْمِ الآخِرِ فَقَدْ ضَلَّ ضَلاَلاً بَعِيدًا {136}
Et quiconque ne croit pas en Allah, Ses anges, Ses Livres, Ses messagers et au Jour dernier, s’égare très loin

Cette partie du verset affirme clairement la conclusion à laquelle nous sommes arrivés concernant le courroux divin, mais elle comporte tout de même une particularité qui est celle de citer les anges et le jour dernier alors que l’ordre de croyance premier n’y avait pas fait allusion. L’explication donnée est que dans la foulée de l’appel à la foi, Dieu a voulu mettre en garde indirectement les musulmans contre le comportement selon lequel certains oublient l’échéance finale alors que d’autres nient l’existence des anges. Puis suit une troisième mise en garde, cette fois ci, contre le fait de changer sa foi selon les circonstances en vigueur comme qui ne sait plus sur quel pied danser..

إِنَّ الَّذِينَ آمَنُواْ ثُمَّ كَفَرُواْ ثُمَّ آمَنُواْ ثُمَّ كَفَرُواْ ثُمَّ ازْدَادُواْ كُفْرًا لَّمْ يَكُنِ اللّهُ لِيَغْفِرَ لَهُمْ وَلاَ لِيَهْدِيَهُمْ سَبِيلاً {137}
137. Ceux qui ont cru, puis sont devenus mécréants, puis ont cru de nouveau, ensuite sont redevenus mécréants, puis n’ont fait que croître en mécréance, Allah ne saurait leur pardonner, ni les guider vers un droit chemin

La foi doit être une affaire de conviction et non de passion. De même la mécréance première, à elle seule, est passible de réprimande. Que dire d’une foi fébrile qui ne parvient pas à se stabiliser tout au long de la vie ? Il est donc hors de question que la foi fasse l’objet de doute menant à une valse continue entre la croyance et la mécréance comme cela est le cas des hypocrites, car cela revient de la part de l’individu à se moquer de Dieu ce qui indiscutablement est inacceptable par Allah surtout si le dernier round finit par être celui de la mécréance! Car au jour dernier l’homme est jugé sur la dernière de ses convictions.. celle sur laquelle il quitte ce bas monde. Cette valse est d’autant plus grave que celui qui croit vraiment, comme cela a été prescrit, est sensé vivre le bonheur. Comment s’imaginer qu’il va essayer de le fuir? Malheureusement ce bonheur n’est pas descriptible et donc abstrait ne pouvant être reconnu que de la personne qui le vit vraiment. Comment expliquer donc qu’une personne puisse fuir ce magnifique bonheur, sinon par l’obstruction délibérée à la foi? N’est-il pas juste qu’une telle situation soit sujette à la mésestimation et au délaissement divins?

لَّمْ يَكُنِ اللّهُ لِيَغْفِرَ لَهُمْ وَلاَ لِيَهْدِيَهُمْ سَبِيلاً {137}
Allah ne saurait leur pardonner, ni les guider vers un droit chemin

En fermant la porte à la guidance, l’homme s’empêtre lui-même dans les affres de la mécréance dont il fait volontairement le choix. Personne ne l’y oblige et pourtant son choix est fait. Il se doit alors d’en assumer les conséquences! Prions Allah de nous préserver des mauvais choix. Amen!

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