Contradiction

Nous entamons aujourd’hui un nouveau chapitre du saint Coran. Il s’agit du 61ème chapitre ou chapitre du rang serré. Il est ainsi appelé en raison de l’allusion au djihad qui y est faite au niveau du verset n°2. Néanmoins certains l’appellent aussi chapitre des apôtres en référence au 3ème et dernier appel qu’il comporte alors que d’autres le nomment chapitre de Jésus qui y est cité par deux fois. Quoiqu’il en soit ce chapitre du rang serré a été révélé à Médine et vient dans l’ordre chronologique à la 108ème position sur un total de 114, juste après le chapitre de la grande perte « Attaghaboun » et juste avant celui de la conquête « Al Fath ». Par contre si l’on se réfère à l’ordre de classement du saint Coran on peut dire qu’il vient immédiatement après celui de l’éprouvée dont nous avons déjà analysé les appels, et comporte comme ce dernier, malgré sa brièveté manifeste, 14 versets seulement, trois appels célestes.

Revenons donc à ce premier appel céleste. Il s’agit tout simplement d’une exhortation de l’ensemble des croyants pour qu’ils veillent à être toujours en concordance avec eux-mêmes, non seulement quand ils parlent ou discutent mais également et surtout quand ils s’engagent à faire quelque chose. Le musulman par définition n’a qu’un seul visage et ne peut en aucun cas prétendre une chose et faire exactement son contraire.. Ce qui reviendrait automatiquement pour lui à s’inscrire dans le cadre inacceptable de l’hypocrisie.

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آَمَنُوا لِمَ تَقُولُونَ مَا لَا تَفْعَلُونَ {2}
2. Ô croyants! Pourquoi dites-vous ce que vous ne faites pas?

Ce verset semble avoir été révélé à l’occasion d’une discussion qu’aurait eue un groupe de compagnons et au cours de laquelle ils émirent le souhait d’être informés des actions agréées par Allah pour qu’ils s’attellent à les accomplir. Seulement quand le djihad fut prescrit, ils reculèrent quelque peu. Ainsi, certains parmi eux, avaient même, après la bataille de Badr, fait le serment de faire preuve de plus d’engagement si jamais une autre bataille venait à avoir lieu. Or un an après, quand se tint la bataille d’Ohoud, et dans laquelle ils furent défaits, la plupart d’entre eux se replia et certains même, envahis par la peur d’être tués, prirent la poudre d’escampette au vu et au su du Prophète. Il existe une autre version pour justifier la révélation de cet appel. C’est celle rapportée par Sohaib ibn Sinan qui raconte que durant la bataille de Badr, il avait débarrassé les musulmans d’un dangereux guerrier mecquois. Mais contre toute attente, à la fin de la bataille, un autre homme vint prétendre qu’il était l’auteur de l’exploit, ce qui lui valu d’être félicité injustement par le prophète. Naturellement, ce type de comportement est proscrit par l’Islam et nous avons déjà eu l’occasion de parler des droits d’auteur et de leur caractère plutôt sacré. A plus forte raison, quand l’intention est de s’approprier le travail accompli par autrui dans le seul but d’en tirer bénéfice pour soi même. Ce verset stipule donc que toute personne qui s’engage à faire une bonne action se doit de s’exécuter et ce, quelque soit le type de l’action, sauf s’il s’avère qu’elle peut réellement lui porter préjudice ou qu’elle entre dans le cadre de l’illicite, auquel cas il lui convient formellement d’y renoncer. Dans le cas contraire, son désistement ne peut qu’engendrer la mauvaise appréciation divine avec tout ce que cela peut sous entendre comme conséquence néfaste.

كَبُرَ مَقْتًا عِندَ اللَّهِ أَن تَقُولُوا مَا لَا تَفْعَلُونَ {3}
3. Allah n’apprécie pas du tout que vous disiez ce que vous ne faites pas.

Abou Nouâïm, faisant référence à Anas ibn Malick, rapporte le hadith suivant:
Alors que j’étais en compagnie de Gabriel la nuit de l’ascension il m’a été donné de voir des gens dont les lèvres sont perpétuellement coupées et recoupées par des lames de feu. Je dis : qui sont ces gens là ô Gabriel ? Il me répondit : ceux sont les prédicateurs de ta Oumma qui disent ce qu’ils ne font pas et lisent le Coran sans pour autant obéir à ses directives
Il s’agit donc d’une réelle mise en garde contre une manière de faire qui ne convient nullement aux véritables croyants car ressemble étrangement à celle des hypocrites.

Et comme la cause de révélation du verset se rapporte au djihad, le discours se tourne une nouvelle fois vers ce même sujet pour répondre à leur vœu de connaître l’action la plus agréée par Allah et appeler les croyants à se serrer les coudes et à ne pas lésiner sur les moyens pour satisfaire cette grande obligation religieuse..

إِنَّ اللَّهَ يُحِبُّ الَّذِينَ يُقَاتِلُونَ فِي سَبِيلِهِ صَفًّا كَأَنَّهُم بُنيَانٌ مَّرْصُوصٌ {4}
4. Allah aime ceux qui combattent dans Son chemin en rang serré pareils à un édifice renforcé

Ainsi est-il indispensable pour les croyants de faire front unique face à l’ennemi et de ne pas se perdre dans les dédales des dissensions, tel un ensemble soudé qui combat en bloc, pour une même cause, et autour d’une même idée, car Allah aime vraiment les endurants et ceux qui, bien organisés, sont passionnés pour Sa cause. Jamais les croyants ne doivent se rendre coupables de désertion, ni de fléchissement au cas où l’un d’eux serait pris de faiblesse, ou tourmenté par le doute. Il ne s’agit pas non plus de se montrer prétentieux et de se rétracter dès lors que l’on se retrouve confronté au premier des problèmes afin de ne pas faire l’objet de la remontrance divine que l’on retrouve, par ailleurs, dans le chapitre des femmes:

فَلَمَّا كُتِبَ عَلَيْهِمُ الْقِتَالُ إِذَا فَرِيقٌ مِّنْهُمْ يَخْشَوْنَ النَّاسَ كَخَشْيَةِ اللّهِ أَوْ أَشَدَّ خَشْيَةً وَقَالُواْ رَبَّنَا لِمَ كَتَبْتَ عَلَيْنَا الْقِتَالَ لَوْلا أَخَّرْتَنَا إِلَى أَجَلٍ قَرِيبٍ
Puis lorsque le combat leur fut prescrit, voilà qu’une partie d’entre eux se mit à craindre les gens comme on craint Allah, ou même d’une crainte plus forte encore, et à dire : « Seigneur ! Pourquoi nous as-Tu prescrit le combat ? Pourquoi n’as- Tu pas reporté cela à un peu plus tard ?

C’est dire l’importance pour le musulman d’être sincère dans ses intentions et pour la communauté musulmane d’être bien organisée. Où en sommes nous aujourd’hui? A chacun le soin de répondre!

S'élever avec le Coran