Le quatrième appel céleste rencontré dans le chapitre des femmes est un appel à obéissance. Il intervient juste après un ordre adressé aux détenteurs du pouvoir qui se doivent d’être justes envers leurs sujets d’une part, et de veiller à rendre les dépôts qui sont mis à leur disposition à leurs ayants droits sans manquement ni tricherie ni fraude d’autre part..

إِنَّ اللّهَ يَأْمُرُكُمْ أَن تُؤدُّواْ الأَمَانَاتِ إِلَى أَهْلِهَا وَإِذَا حَكَمْتُم بَيْنَ النَّاسِ أَن تَحْكُمُواْ بِالْعَدْلِ إِنَّ اللّهَ نِعِمَّا يَعِظُكُم بِهِ إِنَّ اللّهَ كَانَ سَمِيعًا بَصِيرًا {58}
58. Certes, Allah vous commande de rendre les dépôts à leurs ayants droit, et quand vous jugez entre les gens, de juger avec équité. Quelle bonne exhortation qu’Allah vous fait ! Allah est, en vérité, Celui qui entend et voit tout

Après cet ordre adressé aux détenteurs du pouvoir pour qu’ils ne se rendent plus responsables d’injustice envers leurs subordonnés, le discours se tourne vers la masse des croyants pour qu’ils aident, par leur comportement, leurs responsables à s’acquitter de leur tâche en leur faisant preuve d’obéissance et de fidélité..

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ أَطِيعُواْ اللّهَ وَأَطِيعُواْ الرَّسُولَ وَأُوْلِي الأَمْرِ مِنكُمْ
59. Ô croyants ! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement

Il est clair que l’obéissance dont il est question doit d’abord aller à Allah qui est le Seul Maître de l’Univers puis en deuxième lieu à Son messager qui n’est autre que le transmetteur direct des ordres divins. Le prophète ne dit –il pas à ce sujet :

Evitez tout ce que je vous déconseille et si je vous ordonne une chose faites-en ce dont vous êtes capables

Le prophète sidna Mohammed a d’ailleurs mis en garde contre le fait de ne pas prêter attention à ses directives quand il eut dit :

Prenez garde que je rencontre quelqu’un parmi vous adossé sur son fauteuil, entendant un ordre ou un contre ordre venant de moi, dire : ah je n’en sais rien si c’est dans le Coran tant mieux sinon..

Situation malheureusement fréquente de nos jours mais enfin! Allah a révélé le Coran dans lequel on trouve un grand nombre de commandements. Seulement une majorité de ces commandements sont cités sans détail. Il fut du ressort du prophète d’éclaircir certaines zones de pénombre. Dieu dit dans un autre verset de ce même chapitre :

مَّنْ يُطِعِ الرَّسُولَ فَقَدْ أَطَاعَ اللهَ
Quiconque obéit au Messager obéit certainement à Allah

Toutefois il est bien connu que la doctrine musulmane considère que tout responsable détient le droit d’obéissance vis-à-vis de ses subordonnés tant qu’il ne les appelle pas à faire ce qui est en contradiction avec les dires du prophète. C’est pourquoi la chronologie de ces deux versets a fait dire à l’Imam Ali Ibn Abi Talib, gendre du messager de Dieu, et parmi les plus instruits et les plus illustres de ses compagnons, que chaque fois qu’un responsable satisfait à ces deux conditions, il devient du devoir de ses sujets de lui obéir. Naturellement cette obéissance ne doit pas être aveugle.. Elle a des règles et doit d’abord et avant tout être en concordance avec les directives de Dieu et celles du prophète qui restent la référence absolue. On rapporte qu’un de ces jours le prophète  nomma à la tête d’une expédition un de ses compagnons du nom de Abdallah Ibn Houdhafa. Celui-ci était connu pour son amour des blagues.. Une fois qu’ils eurent bâtis leur campement il demanda à ses soldats d’allumer un grand feu puis leur ordonna de s’y jeter! Voyant qu’ils étaient quelque peu récalcitrants il leur fit remarquer: le prophète ne vous a-t-il pas recommandé de m’obéir en toute circonstance? Mais ils arguèrent du fait que s’ils avaient suivi Mohammed c’est bel et bien pour ne pas tomber dans le feu! Et une fois de retour à Médine ils prirent l’avis du prophète qui leur donna raison en répondant:

Point d’obéissance à une créature pour quelque chose que le créateur n’a pas agréée

Une deuxième explication a toutefois été avancée concernant l’expression « ceux qui détiennent le commandement ». Elle désigne selon certains les oulémas et les gens du fikh; interprétation qui trouve d’ailleurs sa raison dans la suite du verset :

فَإِن تَنَازَعْتُمْ فِي شَيْءٍ فَرُدُّوهُ إِلَى اللّهِ وَالرَّسُولِ
Puis, si vous n’êtes pas d’accord en quoi que ce soit, renvoyez-là à Allah et au Messager

Ceux qui favorisent cette explication pensent que seuls les oulémas et les érudits du fikh sont capables d’évaluer la manière la plus adéquate et le moment le plus indiqué pour s’en remettre à Dieu et au prophète dans le but de légiférer. Par conséquent le recours aux oulémas doit toujours être conseillé et l’application de leurs fatwas, surtout quand elles sont consensuelles, est pour le moins obligatoire ; sans quoi la foi s’en retrouverait ébranlée..

إِن كُنتُمْ تُؤْمِنُونَ بِاللّهِ وَالْيَوْمِ الآخِرِ
si vraiment vous croyez en Allah et au Jour dernier

Un grand savant du nom de Sahl ibn Abdallah a dit : « les gens resteront en bonne posture tant qu’ils estimeront les responsables et les érudits »

C’est là, la meilleure manière pour les croyants de se maintenir sur la bonne voie, car il est rare que les divergences puissent apporter quelque chose qui en vaille la peine..

ذَلِكَ خَيْرٌ وَأَحْسَنُ تَأْوِيلاً {59}
Ce sera bien mieux et de meilleur aboutissement (et interprétation)

Prions Dieu de faire en sorte que notre fin soit heureuse.