Bonne éducation

Le second appel céleste du chapitre des appartements a trait aux règles de bienséance dues au prophète. Il est plus explicite que le premier et donne par conséquent plus de détails..

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَرْفَعُوا أَصْوَاتَكُمْ فَوْقَ صَوْتِ النَّبِيِّ وَلَا تَجْهَرُوا لَهُ بِالْقَوْلِ كَجَهْرِ بَعْضِكُمْ لِبَعْضٍ أَن تَحْبَطَ أَعْمَالُكُمْ وَأَنتُمْ لَا تَشْعُرُونَ {2}
2. Ô croyants! N’élevez pas vos voix au-dessus de la voix du Prophète, et ne haussez pas le ton en lui parlant, comme vous le haussez les uns avec les autres, sinon vos œuvres deviendraient vaines sans que vous vous en rendiez compte

Là encore et comme pour le précédent verset, l’appel est destiné exclusivement aux croyants afin qu’ils ressentent l’importance qui leur est donnée et bien sûr la valeur de ce qui va suivre comme directives. Le Prophète, de par la place qu’il occupe au sein de la hiérarchie communautaire mérite certes des égards de la part des fidèles qui sont sensés le respecter et, entre autres, ne pas élever la voix en sa présence. On raconte que lorsque ce verset fut révélé, Omar et Abou Bakr qui s’étaient disputés à propos de la nomination du chef des bani Tamim, eurent une réaction pieuse très similaire. Ils décidèrent de ne plus parler qu’à voix basse devant le messager de Dieu et uniquement après avoir demandé sa permission. Omar allait même plus loin en faisant exprès de baisser sa voix à tel point que le prophète lui demandait souvent de répéter ce qu’il venait de dire. On raconte aussi qu’un compagnon du nom de Thabit Ibnou Kays, fut très triste quand il eut vent de cet appel. Il était en effet poète et grand orateur. Il lui arrivait par conséquent souvent d’élever la voix devant le prophète pour dire sa poésie. Pensant avoir pécher, il s’enferma alors chez lui et ne voulut plus voir personne, croyant que toute son œuvre était tombée à l’eau. Mais le prophète envoya très vite le chercher et lui fit dire qu’il n’était pas concerné par la mise en garde et qu’il sera plutôt parmi les nantis au sein du paradis. Il mourut d’ailleurs en martyr deux années plus tard à l’occasion de la guerre contre les apostats qui firent parler d’eux après la mort du prophète. Ainsi les musulmans devaient-ils apprendre à garder leur calme dans leur discussion et ne parler à voix haute ni devant lui ni avec lui, car le manque de respect à l’égard du messager de Dieu est considéré comme de l’irrespect vis-à-vis du symbole de la religion et donc vis-à-vis de Dieu, ce qui automatiquement revient à inscrire le croyant dans les dédales de la mécréance et donc à le confronter à l’annulation de sa foi et à rendre vaines ses bonnes actions en ce qui concerne l’agrément divin. Par contre ceux qui s’évertuent dans l’observance de cette morale s’inscrivent dans la logique de la piété et s’assurent la rétribution finale tant recherchée. On rapporte, d’après Ibn Abbés, que lorsque ce verset fut révélé, Abou Bakr s’engagea à ne plus parler au prophète que très doucement à tel point que les personnes présentes n’entendaient pas ce qu’il disait. Il aurait même jurer de ne plus se conduire qu’ainsi jusqu’à sa mort. Ce qui lui valut d’avoir réussi à l’examen auquel il venait d’être soumis en compagnie de Omar ibn Khattab, et c’est pour cela que Dieu dit juste après la mise garde contre l’élévation de la voix devant le prophète, en faisant bien sûr allusion aux tous deux :

إِنَّ الَّذِينَ يَغُضُّونَ أَصْوَاتَهُمْ عِندَ رَسُولِ اللَّهِ أُوْلَئِكَ الَّذِينَ امْتَحَنَ اللَّهُ قُلُوبَهُمْ لِلتَّقْوَى لَهُم مَّغْفِرَةٌ وَأَجْرٌ عَظِيمٌ {3}
3. Ceux qui auprès du Messager d’Allah baissent leurs voix sont ceux dont Allah a éprouvé les cœurs pour la piété. Ils auront un pardon et une énorme récompense.

Naturellement il ne faut pas comprendre que ce dernier verset s’applique uniquement à ces deux valeureux compagnons. Il concerne tous ceux qui observeraient ce respect et feraient preuve de cet attachement indéfectible à Sidna Mohammed . On pourrait toutefois dire que l’application de ce verset n’est plus de mise depuis la mort du prophète, mais ceci est faux, car le respect doit toujours être de mise et se concrétise dans le respect de ses dires et de ses directives, qui ne sont, rappelons-le que des directives de Dieu qu’il se contente de transmettre. De même et par ailleurs quand on se recueille devant sa tombe le silence devrait prévaloir et être la règle, ne serait-ce que par respect à sa personne et bien sûr au rang dont Allah a bien voulu le doter. Quand à ceux qui faillent à ce respect vis-à-vis du prophète sans le faire exprès ou par ignorance, Allah fait prévaloir Son divin Pardon et Sa Sainte Miséricorde..

إِنَّ الَّذِينَ يُنَادُونَكَ مِن وَرَاء الْحُجُرَاتِ أَكْثَرُهُمْ لَا يَعْقِلُونَ {4}
4. La plupart de ceux qui t’appellent à haute voix du dehors des appartements ne raisonnent point.

Ce dernier verset revient sur la circonstance de révélation de cet appel à politesse envers le prophète et à laquelle nous avons déjà fait allusion. Souvenons-nous que la délégation de la tribu des Bani Tamim, composée dit-on de 70 personnes, était venue à Médine pour essayer de récupérer quelques prisonniers tombés entre les mains des musulmans quelque peu auparavant alors qu’une partie d’entre eux avaient refusé de donner l’aumône légale. Ils arrivèrent toutefois à un moment où le prophète  ne put les recevoir sur le champ. Ils durent donc attendre quelque peu, le temps pour lui de se préparer, mais pris d’orgueil et d’impatience ils se mirent à élever la voix dans la rue pour le presser de sortir à eux. Le prophète était dans l’un de ses appartements qui se trouvaient au voisinage de la mosquée, mais ne sachant pas a priori dans lequel il se trouvait, ils se mirent à tourner autour du bloc et à l’inviter à sortir. En fait ils auraient mieux fait de patienter car un tel comportement leur aurait procuré le respect des médinois et un meilleur accueil. De même, le prophète n’aurait pas été gêné par cet agissement plutôt déplacé et il les aurait certainement reçu de meilleure manière en libérant peut être un nombre plus important de prisonniers.

وَلَوْ أَنَّهُمْ صَبَرُوا حَتَّى تَخْرُجَ إِلَيْهِمْ لَكَانَ خَيْراً لَّهُمْ وَاللَّهُ غَفُورٌ رَّحِيمٌ {5}
5. Or, ç’aurait été mieux pour eux s’ils avaient patienté jusqu’à ce que tu sortes à eux, Allah cependant est Pardonneur et Miséricordieux

Mais quoiqu’il en soit, l’entrevue finit par avoir lieu et ils annoncèrent même leur conversion à l’Islam et présentèrent leur allégeance au messager de Dieu ce qui leur valut de gagner le Pardon divin.. Puisse Allah nous y intégrer également. Amen.

S'élever avec le Coran