La bonne affaire

Le troisième et dernier appel du chapitre du rang serré est un appel à soutien avec bien sûr à la clé, la victoire finale, ici bas, que réserve Allah aux croyants.

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آَمَنُوا كُونوا أَنصَاراً للَّهِ
14. Ô croyants! Soyez les alliés d’Allah,

Contrairement aux précédents appels, dans lesquels les croyants étaient mis en garde contre l’alliance avec les non musulmans de tous bords, ici c’est le chemin à prendre pour réaliser une alliance qui leur est indiqué. Il s’agit en fait pour les musulmans d’être en permanence à l’affût pour soutenir la cause de Dieu et ne point douter de l’issue finale qui ne peut être qu’à leur avantage comme cela fut le cas pour les apôtres avec Jésus, malgré leur nombre restreint et leur force très limitée. Selon Maâmar, un grand exégète de la fin du premier siècle de l’ère musulmane, cet appel s’est, comme pour Jésus, bel et bien concrétisé pour Sidna Mohammed . Ceci se passa avant même que cet appel soit révélé, lorsque 70 médinois, futurs auxiliaires du prophète, vinrent fermement le soutenir et lui présenter leur allégeance la veille de l’aïd, à Mina, à l’occasion du pèlerinage, daux ans avant la grande épopée de l’hégire.

Katada, estima pour sa part que ceux qui ont concrétisé cet appel en se constituant en véritables apôtres sont plutôt des émigrés, au nombre de dix, qui furent très proches du prophète au tout début du message. Il nomme ainsi successivement, Abou Bakr Essiddik, Omar ibn Khattab, Ali ibn abi Taleb, Talha ibn Obaïdillah, Ezzoubaïr ibn l Aouam, Saad ibn Abi Wakkas, Abou Obaïdah Amer ibn l Jarrah, Othman ibn Madhôoun, qui avait voulu comme nous l’avons déjà vu, se faire moine, Hamza ibn Abdel Mottalib et Jaâfar le frère de Ali. Mais quoiqu’il en soit, ceci ne représente que des interprétations personnelles et ne saurait être limité, ni dans le nombre, ni dans le temps. L’essentiel est de réaliser que tout croyant, quelque soit l’époque dans laquelle il vit, est sensé soutenir la cause de Dieu en permanence et sans relâche. C’est ainsi que chaque musulman devrait s’assigner la fonction d’appliquer les directives de Dieu et de Son prophète et de donner l’exemple concret d’un Islam certes, pur et puissant, mais aussi clément, compatissant, tolérant, porteur de paix et tendant sa main à qui veut bien la tenir, nonobstant le comportement de l’autre car tel est le message de l’Islam et tel est son véritable visage, que malheureusement on a trop tendance à oublier de nos jours. Dieu dit dans le chapitre de la famille d’Amram:

لَتُبْلَوُنَّ فِي أَمْوَالِكُمْ وَأَنفُسِكُمْ وَلَتَسْمَعُنَّ مِنَ الَّذِينَ أُوتُواْ الْكِتَابَ مِن قَبْلِكُمْ وَمِنَ الَّذِينَ أَشْرَكُواْ أَذًى كَثِيرًا وَإِن تَصْبِرُواْ وَتَتَّقُواْ فَإِنَّ ذَلِكَ مِنْ عَزْمِ الأُمُورِ {186}
186. Certes, vous serez éprouvés dans vos biens et vos personnes; et vous entendrez aussi de la part de ceux à qui le Livre a été donné avant vous, et des polythéistes, beaucoup de propos désagréables. Mais si vous êtes endurants et pieux.. voilà bien la meilleure résolution à prendre

Ainsi les musulmans sont-ils invités à prendre exemple, dans leur détermination à porter et à répandre la foi, sur les apôtres qui furent les premiers à croire en Jésus et qui l’ont fermement soutenu sans préjuger des conséquences qui pourraient et qui allaient s’abattre sur eux.

كَمَا قَالَ عِيسَى ابْنُ مَرْيَمَ لِلْحَوَارِيِّينَ مَنْ أَنصَارِي إِلَى اللَّهِ قَالَ الْحَوَارِيُّونَ نَحْنُ أَنصَارُ اللَّهِ
A l’instar de ce que Jésus fils de Marie a dit aux apôtres : “ Qui sont mes alliés pour la cause d’Allah ? ” Les apôtres dirent : “Nous sommes les alliés d’Allah”.

On raconte en effet à ce sujet qu’Allah a révélé à Jésus: « quand tu entreras dans la cité, dirige-toi vers la vallée et demande leur soutien aux gens qui s’y trouvent ». Quand Jésus exécuta le conseil de Dieu, ils répondirent sans hésiter: « nous sommes les alliés d’Allah! », convaincus de la sincérité du Messie et de la nécessité de soutenir sa cause qui n’est autre que celle de Dieu. Ils étaient à ce moment là au nombre de douze et constituèrent par la suite le groupe des 12 apôtres parmi lesquels figuraient Jean, Jacob, Philippe, Barthélemy et Samaâne. Mais à coté de ces, d’autres personnes crurent en lui. Nous citerons tout particulièrement un certain nombre de malades qu’il avait pu guérir par la grâce du Seigneur, mais aussi la vierge Marie, sa mère, la mère de Jean, la belle mère de Samaâne et quelques autres. Autrement dit, il est demandé, à travers cet appel coranique, aux musulmans, et à coté du djihad dont il a été question dans le précédent appel, de se munir de patience et d’endurer certaines épreuves auxquelles ils seraient soumis, de la part de leurs adversaires, car en réalité le djihad à lui seul, ne saurait régler tous les problèmes. Il est clair que la religion du Messie s’est, au tout début, répandue uniquement de cette manière et tout le monde sait que l’Islam n’a pu atteindre les côtes du sud-est asiatique, qu’à travers les nombreuses caravanes marchandes qui s’y rendaient et les comportements qui caractérisaient les musulmans marchands de l’époque et non pas, par la voix des armes. Avec une telle vision, le résultat, à long terme soit-il, ne peut être que porteur, car tôt ou tard les gens se rendent finalement compte de la bonne direction prise par cet appel qui est celui de la droiture, de la bonté et du bonheur..

فَآَمَنَت طَّائِفَةٌ مِّن بَنِي إِسْرَائِيلَ وَكَفَرَت طَّائِفَةٌ
Un groupe des Enfants d’Israël crut, tandis qu’un groupe nia.

Naturellement, l’unanimité est loin d’être une règle et il est clair que toute doctrine a ses défenseurs mais aussi ses détracteurs. Celle de Jésus n’échappa guère à la règle mais Dieu donna la victoire finale à ceux qui se rangèrent de son coté, en permettant aux apôtres d’avoir des disciples qui ont pu efficacement prêcher la bonne parole et bien sûr et surtout en envoyant bien plus tard, Mohammed  comme prophète..

فَأَيَّدْنَا الَّذِينَ آَمَنُوا عَلَى عَدُوِّهِمْ فَأَصْبَحُوا ظَاهِرِينَ {14}
Nous aidâmes donc ceux qui crurent contre leur ennemi, et ils triomphèrent

Cette fin heureuse ne saurait faire défaut à tous ceux qui s’inscrivent dans le processus de soutien à la cause de Dieu auquel l’appel fait allusion.

S'élever avec le Coran