Bon comportement

Si le spirituel paraît occuper une grande place dans le Saint Coran, il est utile de noter aussi que le matériel n’est pas en reste. Ainsi y trouve t’on des passages entiers dédiés à divers sujets comme le commerce, le voyage, les loisirs, la géographie et le climat, le monde animal ou encore marin, l’histoire de l’humanité, la médecine, la géologie et toute autre science, la stratégie de guerre mais également la sexualité, la vie maritale, les affaires de la famille et/ou de la société avec bien sûr toutes les règles sensées réglementer ces différents domaines. L’appel, dont nous proposons l’analyse ici, a trait à ce dernier volet..

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِذَا نَكَحْتُمُ الْمُؤْمِنَاتِ ثُمَّ طَلَّقْتُمُوهُنَّ مِن قَبْلِ أَن تَمَسُّوهُنَّ فَمَا لَكُمْ عَلَيْهِنَّ مِنْ عِدَّةٍ تَعْتَدُّونَهَا
49. Ô croyants! Quand vous vous mariez avec les croyantes et que vous divorcez avant d’avoir eu commerce avec elles, vous ne pouvez leur imposer un délai d’attente

Il s’agit là d’un appel destinés aux hommes afin qu’ils adoptent des règles de bon comportement avec leurs épouses même dans les cas où pour une raison ou pour une autre ils viennent à s’en séparer. L’Islam, faut-il le reconnaître, donne effectivement à l’homme certains droits sur son épouse, mais en contre partie, il est loin de le laisser en faire usage à sa guise. Les droits en question sont bel et bien réglementés et savamment limités. Il n’est, par exemple, pas question pour l’homme, au nom de ses droits, de s’ériger en dictateur ou tout autre injuste, faisant subir à son épouse ce que bon lui semble. La dignité de cette dernière et sa liberté doivent, entre autres, absolument être préservées, et même plus, tout à fait respectées quitte à ce que ce respect empiète sur les droits de l’époux. Cet appel intervient en fait, à l’occasion du conte de l’histoire de Zayd Ibn Haritha, le compagnon du prophète , que celui-ci avait dans un premier temps adopté comme fils durant la période mecquoise, et qu’il avait marié par la suite à l’une de ses cousines du nom de Zaynab bint Jahch. Ce mariage dura quelques temps et Allah voulut abolir la filiation par adoption. Il ordonna pour ce faire que Zayd, fils adoptif du prophète, ne soit plus appelé Zayd Ibn Mohammed mais plutôt Zayd Ibn Haritha en référence à son véritable géniteur. Dieu dit dans ce même chapitre:


وَمَا جَعَلَ أَدْعِيَاءكُمْ أَبْنَاءكُمْ ذَلِكُمْ قَوْلُكُم بِأَفْوَاهِكُمْ وَاللَّهُ يَقُولُ الْحَقَّ وَهُوَ يَهْدِي السَّبِيلَ {4} ادْعُوهُمْ لِآبَائِهِمْ هُوَ أَقْسَطُ عِندَ اللَّهِ فَإِن لَّمْ تَعْلَمُوا آبَاءهُمْ فَإِخْوَانُكُمْ فِي الدِّينِ وَمَوَالِيكُمْ وَلَيْسَ عَلَيْكُمْ جُنَاحٌ فِيمَا أَخْطَأْتُم بِهِ وَلَكِن مَّا تَعَمَّدَتْ قُلُوبُكُمْ وَكَانَ اللَّهُ غَفُورًا رَّحِيمًا {5}

Il n’a point fait de vos enfants adoptifs vos propres enfants. Ce sont là de simples propos. Allah dit la vérité et c’est Lui qui met dans la bonne direction. 5. Nommez-les donc du nom de leurs pères, cela est plus équitable devant Allah. Et si jamais vous ne connaissez pas leurs pères, alors considérez-les comme vos frères en religion ou vos alliés. Nul blâme sur vous pour ce que vous faites par erreur, mais plutôt pour ce que vous faites délibérément. Allah, cependant, est Pardonneur et Miséricordieux

Et il dit par ailleurs, plus loin, toujours dans ce même chapitre:

مَّا كَانَ مُحَمَّدٌ أَبَا أَحَدٍ مِّن رِّجَالِكُمْ وَلَكِن رَّسُولَ اللَّهِ وَخَاتَمَ النَّبِيِّينَ
40. Muhammad n’a jamais été le père de l’un de vos hommes, mais messager d’Allah et dernier des prophètes

Après avoir décrété cette nouvelle loi, Allah informa Son messager que l’épouse de son fils par adoption allait devenir la sienne. Sidna Mohammed  s’en trouva fort gêné par rapport au qu’en dira t’on bien sûr, si bien que quand Zayd lui annonça qu’il ne s’entendait pas avec Zaynab et qu’ils allaient divorcer, il lui conseilla de patienter et faire en sorte que cela ne se produise pas! Mais Allah signifia clairement à Son messager que cela entre dans le processus d’abolition et que quand bien même Zayd serait son fils par adoption, cela ne lui interdit en rien un éventuel mariage avec son ex femme. Il n’y a donc pas de raison d’avoir honte car il ne s’agit justement pas de l’ex de son véritable descendant et par conséquent l’inceste n’a pas lieu d’être.

Quoiqu’il en soit le Coran, sans ménagement, clama la crainte de Sidna Mohammed  et révéla l’affaire. Cela, si besoin est, prouve l’authenticité du Livre Saint transmis par le prophète. Bref, le divorce fut prononcé, et Zaynab, qui avait vécu les plaisirs du mariage au cours de cette union observa le délai d’attente d’usage de trois cycles menstruels avant de pouvoir se remarier. Quand la période d’attente fut finie le prophète se présenta à elle. Cette période d’attente est valable pour toute femme dont le cycle est encore normal et régulier. Ce n’est pas le cas pour celles ménopausées et celles qui sont en aménorrhée primaire, qui une fois divorcées, doivent observer une attente de trois mois au lieu des trois cycles avant de se remarier.

Cette période d’attente réglementaire est en fait imposée pour deux raisons :

  • D’une part pour sauvegarder la filiation du monsieur qui a divorcé, au cas où son épouse serait tombée enceinte avant la séparation et ce, afin que le produit de conception soit sans équivoque le sien.
  • D’autre part le souci de donner le temps au couple de réévaluer la situation et pourquoi pas de revenir sur sa décision de divorce.
  • Par contre la femme mariée qui se sépare de son époux avant d’avoir eu des rapports sexuels avec lui se voient dispensée de cette règle. Ainsi dès que le divorce est prononcé, la femme qui n’a pas eu de rapport sexuel durant l’union achevée, a la pleine latitude d’accepter une nouvelle demande en mariage immédiatement après la séparation, et son ex mari n’a nullement le droit de l’en empêcher. Bien au contraire il est appelé à la libérer au plutôt et de la meilleure des manières..


    فَمَتِّعُوهُنَّ وَسَرِّحُوهُنَّ سَرَاحاً جَمِيلاً{49}

    Donnez-leur jouissance d’un bien et séparez vous d’elles sans préjudice

    Autant de balises destinées à préserver comme nous l’avons déjà dit la dignité de la femme contre tout abus pouvant venir de son époux qui est sensé lui donner tous ses droits sans préjudice.

    S'élever avec le Coran