Attention à l’argent !

Le deuxième appel céleste que nous rencontrons dans le chapitre des femmes traite d’abord des transactions financières. Dieu dit dans le chapitre n°29 :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ لاَ تَأْكُلُواْ أَمْوَالَكُمْ بَيْنَكُمْ بِالْبَاطِلِ
29. Ô croyants; ne consommez pas vos biens entre vous de façon illégale ;

Tout croyant digne de porter ce nom se doit d’être honnête et tout particulièrement quand il s’adonne à une transaction financière ou à un quelconque commerce. De nombreux hadith sont venus étayer cette thèse. Le premier de ces hadith dit :

Les meilleurs biens sont ceux acquis par les commerçants, qui ne mentent pas, qui ne faillent pas à leurs promesses, qui ne trahissent pas la confiance mise en eux. Quand ils achètent une marchandise ils ne la dénigrent pas (dans le seul but de l’obtenir à vil prix) et quand ils vendent la leur ils ne la vantent pas ostensiblement (pour mieux l’écouler). Enfin quand ils doivent de l’argent, ils s’empressent de s’en acquitter et quand ils sont créanciers ils ne sont pas très sévères envers celui qui leur doit de l’argent

Dans un deuxième hadith le Prophète dit :

Les commerçants sont les véritables libertins. Certains rétorquèrent : mais ô prophète de Dieu, le commerce n’est-il pas chose licite ? Bien sûr que si répondit-il sauf que les commerçants jurent par Dieu sans raison valable et mentent régulièrement dans leur discours

Enfin un troisième hadith nous apprend :

Le commerce doit se faire par consentement mutuel et le choix de chacun doit être respecté. Et il n’est pas permis au musulman de trahir un autre musulman

Comprendre par là « un autre concitoyen » car quiconque vit en terre d’Islam, quelque soit sa religion, doit être traité sur le même pied d’égalité que tout citoyen musulman pour peu qu’il soit en règle administrativement parlant. Les exemples concernant cette affirmation abondent et sont bien connus de tous. A partir de là, nous pouvons déduire que tout argent acquis illégalement; par usure, vol, fraude, corruption, mensonge, jeu de hasard ou autre action tortueuse est illicite et ne devrait théoriquement pas circuler dans une société qui se dit musulmane. Il faut absolument que le consentement mutuel soit là, et à ce moment ci, les échanges de bons procédés, les donations et les cadeaux réciproques deviennent tout à fait licites..

إِلاَّ أَن تَكُونَ تِجَارةٌ عَن تَرَاضٍ مِّنكُمْ
Sauf s’il s’agit d’un négoce par consentement mutuel

Et « sauf » dans ce verset n’est pas utilisé dans le sens de l’exception comme qui comprendrait que l’argent d’origine illégale devient licite quand le consentement mutuel vient à exister. Le sens est celui du conditionnel car toute transaction commerciale ne devrait être conclue que si les deux partis qui la contractent l’approuvent clairement. Le hadith qui dit : « le marchand et le client restent libres de leur choix respectif tant qu’ils ne se sont pas encore séparés » supporte justement ce sens du moins dans l’interprétation des oulémas des deux rites hanafite et malékite qui disent : « une fois que la vente est conclue la restitution des biens n’est plus permise sauf si celui qui demande révision arrive à convaincre à l’amiable son partenaire qui lui, conserve le droit d’accepter ou de refuser ». Mais tout cela devrait se faire en gardant à l’esprit que la bonne conduite doit restée maîtresse de la situation et que le sentiment de fraternité doit primer entre les contractants. Le prophète  dit à ce sujet : « quiconque pardonne à son frère est mis à l’abri d’un éventuel faux pas par Dieu ». Entendre par là le jour du jugement dernier sachant que Sidna Mohammed  apporte la bonne annonce aux commerçants dans un autre hadith quand il dit :

Le commerçant franc et honnête se retrouve dans l’au-delà parmi les prophètes, les véridiques et les martyrs

La deuxième partie du verset est quant à elle réservée à un autre sujet tout à fait différent et ô combien plus grave. Et la mise sur le même pied d’égalité des deux situations n’a d’autre intérêt que d’attirer l’attention sur la gravité du premier sujet qui peut, elle, passer inaperçue :

وَلاَ تَقْتُلُواْ أَنفُسَكُمْ إِنَّ اللهَ كَانَ بِكُمْ رَحِيمًا (29)
Et ne vous entretuez point. Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous.

Cette partie du verset supporte en fait deux sens tous deux présents dans les explications données par le prophète dans ses hadiths ; celui que nous venons de lui donner à travers notre traduction mais également celui du suicide qui est clairement interdit par l’Islam. Ainsi la traduction pourrait être celle-ci :

Et ne vous suicidez point. Allah, en vérité, est Miséricordieux envers vous.

Mais quoiqu’il en soit, le seul commentaire que nous ferons est que la gravité dont nous parlions plus haut apparaît immédiatement dans le verset lui-même puisque Dieu dit juste après :

وَمَن يَفْعَلْ ذَلِكَ عُدْوَانًا وَظُلْمًا فَسَوْفَ نُصْلِيهِ نَارًا
30. Et quiconque commet cela, par excès et par iniquité, Nous le ferons parvenir au Feu,

Ainsi le châtiment est-il destiné à quiconque dépasse intentionnellement les limites tracées par Dieu aussi bien dans le domaine du quotidien que dans celui de la guerre ou quand il s’agit du désespoir qui accule au suicide.. Le plus simplement du monde..

وَكَانَ ذَلِكَ عَلَى اللهِ يَسِيرًا(30)
voilà qui est facile pour Allah

Prions Dieu de nous épargner les affres de la Géhenne. Amen !

S'élever avec le Coran