Assurance

Nous sommes aujourd’hui au rendez-vous du troisième appel céleste du chapitre des appartements. Il concerne le troisième registre des règles de bienséance qui sont sensées régir le relationnel des musulmans dans leur vie de tous les jours. Après avoir appelé à une bonne conduite envers Allah et Son messager voici que le discours se tourne vers le comportement du croyant vis-à-vis de la rumeur quand elle est divulguée par quiconque dont la sincérité n’est pas établie ou n’est pas certaine..

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِن جَاءكُمْ فَاسِقٌ بِنَبَأٍ فَتَبَيَّنُوا
6. Ô croyants ! Si un pervers vous apporte une nouvelle, assurez-vous de sa réalité,

La circonstance de révélation de cet appel est quasi unanime. Tous les rapports font référence à l’histoire de Oualid ibn Oqba ibn abi Moaït qui fut dépêché par le prophète  à la tribu des bani l Mostalik afin de prélever les différentes aumônes dont ils devaient s’acquitter. Or les bani l Mostalik qui étaient désormais de bons musulmans, alliés en plus au prophète  depuis leur conversion, par le biais de leur fille Jouwayriya, sortirent en groupe aux abords de leur village pour accueillir comme il se doit l’émissaire du messager de Dieu. Mais celui-ci qui semble t-il avait une ancienne querelle avec eux douta de leur intention et s’imagina qu’ils voulaient le tuer. Il rebroussa donc chemin et alla dire au prophète que les bani l Mostalik avaient renié leur foi et qu’ils ont essayé de le tuer. Naturellement cette information ne manqua pas de mettre Sidna Mohammed  en colère et une expédition militaire dirigée par Khalid Ibn Oualid fut diligentée pour tirer les choses au clair. Bien heureusement Khalid, avant de les attaquer et sur conseil du prophète , prit la peine de s’assurer de la véracité des dires du percepteur qui rapporta la rumeur. Il se rendit vite compte qu’elle était fausse, ce qui évita une guerre à la fois injuste et inutile. Encore une fois, l’appel est adressé aux croyants pour qu’il soit pris en considération comme il se doit. Le sujet était suffisamment important pour qu’il ne fasse pas l’objet d’un rappel à l’ordre même si en réalité tous les exégètes sont d’accord pour dire que Oualid Ibn Oqba Ibn Abi Moaït qui fut à l’origine de l’affaire n’avait rien de pervers ni de menteur mais qu’il fut seulement sous l’emprise du doute ce qui lui fit croire qu’ils voulaient le tuer. D’ailleurs le prophète ne lui fit aucun reproche sauf peut être en lui conseillant à l’avenir de prendre plus de temps avant de tirer des conclusions hâtives. Quoiqu’il en soit la circonstance était suffisante pour que le Coran décrète une loi large et générale sur le traitement de l’information avant de prendre une quelconque décision. Il devenait, par la force de cette nouvelle directive, obligatoire de s’assurer de la véracité des rumeurs qui circulent afin de ne pas se rendre coupable d’une quelconque injustice envers des innocents. Ainsi tout jugement de quelque nature qu’il soit doit dorénavant bénéficier de tout l’argumentaire nécessaire avant d’être porté. Il n’est plus question de se baser sur des doutes ou sur des informations mensongères pour tirer des conclusions ou prendre une décision. La recherche de la vérité doit être poussée à son comble et ne souffrir pour ainsi dire d’aucune faiblesse. Autrement dit, à la faveur du doute il est toujours préférable d’obtempérer.

أَن تُصِيبُوا قَوْمًا بِجَهَالَةٍ فَتُصْبِحُوا عَلَى مَا فَعَلْتُمْ نَادِمِينَ {6}
de crainte que par inadvertance vous ne portiez atteinte à certains et que vous ne regrettiez par la suite ce que vous avez fait.

D’ailleurs le fait d’avoir associé le décret à Oualid Ibn Oqba qui était un compagnon en bonne et due forme et qui n’avait rien d’un pervers montre la nécessité de s’assurer de la vérité de chaque rumeur ou information même si a priori elle semble être acquise puisque provenant d’une personne au dessus de tout soupçon. Ainsi toute personne devant véhiculer une information est appelée à la vérifier avant de s’inscrire dans un processus de diffusion dont les résultats restent certainement imprévisibles. D’un autre coté, toute personne recevant une information ne devrait pas la prendre au comptant aussitôt mais plutôt prendre la peine de s’en assurer avant de tirer une quelconque conclusion. Il s’agit par conséquent d’un décret qui s’applique aussi bien à la vie de tous les jours qu’aux grandes affaires de jugement qui pourraient surgir entre les différentes composantes de la société. Il n’y a pour ainsi dire pas de place au laxisme et rien ne devrait être pris à la légère dans la société musulmane. Bien au contraire, toutes les décisions et tous les jugements devraient être basés sur des critères scientifiques loin de l’aléatoire et de l’arbitraire. Et de ce fait, il apparaît clair et sans équivoque, que l’Islam est innocent par rapport à toutes les accusations dont il fait l’objet. Les exécutions sommaires que l’on retrouve dans les livres d’histoire, les jugements aléatoires ou autres extravagances, ne sont qu’excentricités individuelles et n’ont pour ainsi dire aucun lien avec cette religion de paix et de salut dont l’objectif est de faire régner la clémence et le pardon parmi les peuples. Par ailleurs, le prophète était à l’époque parmi eux, il n’y avait donc pas de raison valable pour qu’ils s’égarent étant donné qu’ils pouvaient à tout moment revenir à lui et prendre son avis.

وَاعْلَمُوا أَنَّ فِيكُمْ رَسُولَ اللَّهِ لَوْ يُطِيعُكُمْ فِي كَثِيرٍ مِّنَ الْأَمْرِ لَعَنِتُّمْ
7. Et sachez que le Messager d’Allah est parmi vous. S’il vous obéissait dans maintes affaires, vous vous retrouveriez en difficultés.

Mais ceci est également vrai de nos jours car le message apporté par le prophète  est encore là soigneusement consigné dans le Coran et la Sunna. Sidna Mohammed n’a-t-il pas dit clairement : « Je laisse parmi vous 2 choses qui vous permettront de ne point vous égarer, le livre de Dieu et ma tradition ». C’est pourquoi la foi qui animait les compagnons et qui devrait théoriquement nous animer aussi est à même de faire prendre confiance en tout ce que le messager de Dieu prescrit ou conseille, même si de prime abord sa décision peut sembler ne pas convenir, tout simplement parce qu’il s’agit d’une prescription émanant de Dieu et non du prophète lui-même..

وَلَكِنَّ اللَّهَ حَبَّبَ إِلَيْكُمُ الْإِيمَانَ وَزَيَّنَهُ فِي قُلُوبِكُمْ وَكَرَّهَ إِلَيْكُمُ الْكُفْرَ وَالْفُسُوقَ وَالْعِصْيَانَ أُوْلَئِكَ هُمُ الرَّاشِدُونَ {7}
Mais Allah vous a fait aimer la foi et l’a embellie dans vos cœurs et vous a fait détester la mécréance, la perversité et la désobéissance. Ceux-là sont les bien dirigés,

Et quand on ressent cette confiance et le bonheur qu’elle procure on réalise vraiment qu’il s’agit d’une grâce et d’un bienfait divins..

فَضْلًا مِّنَ اللَّهِ وَنِعْمَةً وَاللَّهُ عَلِيمٌ حَكِيمٌ {8}
8. c’est là en effet une grâce d’Allah et un bienfait. Allah est Omniscient et Sage.

Puisse Allah nous inclure dans ce parti Amen!

S'élever avec le Coran