Amour de Dieu

L’appel que analyserons ici est le premier dans le chapitre du repentir qui tout comme le chapitre du butin en comporte six au total. Nous sommes une nouvelle fois en face du problème des alliances. Auparavant la limitation du jeu de ces alliances pour les croyants concernait les gens du livre et les mécréants de tout bord. Nous en avons déjà eu l’occasion de parler par deux fois lors de notre périple au sein du chapitre de la table servie. Cette fois ci les choses prennent une autre direction et se précisent un tant soit peu lorsqu’elles incluent volontiers les membres de la famille qui ne se rangent pas du coté des croyants, préférant le groupe des gens en qui la confiance des musulmans doit être mesurée voire même très limitée.

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُواْ لاَ تَتَّخِذُواْ آبَاءكُمْ وَإِخْوَانَكُمْ أَوْلِيَاء إَنِ اسْتَحَبُّواْ الْكُفْرَ عَلَى الإِيمَانِ
23. Ô croyants! Ne prenez pas pour alliés, vos pères et vos frères s’ils préfèrent la mécréance à la foi.

Le but ici est de montrer que le lien de la foi dépasse tous les autres liens qui peuvent unir les hommes. Les liens de sang sont certes très solides dans la logique de l’Islam sauf au cas où ils s’opposent à ceux de la foi, ces derniers prévalent alors. Les parents directs et les collatéraux sont par conséquent les plus aptes à s’allier et à être liés entre eux. Seulement si certains décident de renier la foi ou de la combattre les autres ne devraient plus être tenus par leur engagement d’alliance premier, auquel cas il se constituerait en injustes, car le fait de s’allier à des proches malgré qu’ils aient préféré la mécréance revient à soutenir cette dernière contre les valeurs et les intérêts propres de l’Islam.. Ce qui incontestablement représente une faute grave.


وَمَن يَتَوَلَّهُم مِّنكُمْ فَأُوْلَئِكَ هُمُ الظَّالِمُونَ {23}

Et quiconque parmi vous les prend pour alliés… ceux-là sont les véritables injustes.

La remarque toutefois qui pourrait être faite ici est : pourquoi les enfants n’ont-ils pas été cités dans le verset au même titre que les parents et les collatéraux. Ceci serait du au fait que la règle générale veuille que les enfants soient sur la même longueur d’ondes que leurs parents, et que par conséquent il n’est pas nécessaire d’insister sur leur cas. Néanmoins ceci ne veut aucunement dire qu’ils sont exclus de cette règle. Il suffit de prendre connaissance de l’histoire de Noé avec son fils Canaan pour s’en convaincre. Noé eut beau l’appeler à lui pour qu’il fasse partie des fidèles mais en vain, ce qui valut au fils d’être exclut et même renié par Allah. Dieu dit à ce propos:


وَنَادَى نُوحٌ رَّبَّهُ فَقَالَ رَبِّ إِنَّ ابُنِي مِنْ أَهْلِي وَإِنَّ وَعْدَكَ الْحَقُّ وَأَنتَ أَحْكَمُ الْحَاكِمِينَ {45} قَالَ يَا نُوحُ إِنَّهُ لَيْسَ مِنْ أَهْلِكَ

45. Et Noé invoqua son Seigneur et dit: « Ô Seigneur, certes mon fils est de ma famille et Ta promesse est vérité.
Tu es le plus juste des juges”. 46. Il dit : « Ô Noé, il n’est pas de ta famille..

Ceci dit, il ne faut pas comprendre par là que l’interdiction d’alliance soit synonyme de mauvais comportement. Le musulman est au contraire appelé à composer avec ses parents voire même avec tout le monde tant que cela reste possible et ne porte pas préjudice à sa foi. Asmae, la fille de Abou Bakr, vint demander au prophète comment devait-elle se comporter avec sa mère qui ne s’était toujours pas convertie à l’Islam. Le prophète lui expliqua qu’elle devait tout faire pour lui être agréable. Il ne s’agit donc pas de rupture catégorique mais d’une limitation des liens de parenté à leur strict minimum de telle manière à ne pas heurter les règles de bienséance sur lesquelles tout le monde est d’accord. L’important dans tout cela étant de donner la priorité dans sa vie à Allah et son prophète et de faire prévaloir l’intérêt de la foi sur tout autre intérêt aussi personnel soit-il, car dans le cas contraire le croyant perdrait de sa superbe et serait en porte à faux avec les principes essentiels de sa religion..


قُلْ إِن كَانَ آبَاؤُكُمْ وَأَبْنَاؤُكُمْ وَإِخْوَانُكُمْ وَأَزْوَاجُكُمْ وَعَشِيرَتُكُمْ وَأَمْوَالٌ اقْتَرَفْتُمُوهَا وَتِجَارَةٌ تَخْشَوْنَ كَسَادَهَا وَمَسَاكِنُ تَرْضَوْنَهَا

24. Dis : « Si vos pères, vos enfants, vos frères, vos épouses, vos clans, les biens que vous gagnez, le négoce dont vous craignez le déclin et les demeures qui vous sont agréables,

Le discours s’adresse ici aux croyants qui à l’occasion de l’Hégire furent confronter au grand départ et à la nécessité d’abandonner leur biens et leurs familles. Lorsqu’il fut ordonné au prophète de quitter la Mecque pour Médine, les compagnons durent partir avec lui. Certains l’avaient même précédé dans son périple après avoir pris sa permission. C’est le cas, par exemple, de Mussaab Ibn Oumeir qui, tout jeune, avait choisi d’abandonner richesses, confort et toutes autres formes d’aisance auprès de sa mère, pour aller prêcher l’Islam dans les rangs des médinois. Ce qu’il fit d’ailleurs si bien qu’après une année de labeur toutes les familles de Médine avaient au moins un converti dans leur rang. Néanmoins, cette fortune ne fut pas similaire pour tout le monde. Nombreux sont ceux qui ne partirent pas, soit parce qu’ils en furent empêchés de force, soit qu’ils n’eurent pas le courage d’abandonner leurs proches, leurs épouses et leurs enfants, soit pour des raisons financières et/ou commerciales qu’ils ne voulurent pas sacrifier. Or l’exigence du moment les obligeait à trancher en faveur de l’une ou de l’autre éventualité; rester ou partir? L’Islam amorçait en effet comme qui dirait un virage décisif de son histoire et il était impératif pour ses adeptes qu’ils fassent preuve de clarté dans leur choix. Aussi leur fut-il dit: « si toutes ces choses qui furent précédemment citées »..


أَحَبَّ إِلَيْكُم مِّنَ اللّهِ وَرَسُولِهِ وَجِهَادٍ فِي سَبِيلِهِ فَتَرَبَّصُواْ حَتَّى يَأْتِيَ اللّهُ بِأَمْرِهِ

vous sont plus chers qu’Allah, Son messager et la lutte pour la cause d’Allah, alors patientez jusqu’à ce qu’Allah fasse venir Son ordre.

L’ordre dont il est question a été sujet de controverse. Mais le plus plausible est qu’il s’agit de la défaite qui guette ceux qui dénigrent la foi pour leur signifier qu’ils ne perdent rien à attendre dans l’état de perversité dans lequel ils se trouvent..


وَاللّهُ لاَ يَهْدِي الْقَوْمَ الْفَاسِقِينَ {24}

Allah ne guide pas les gens pervers”

Puisse Allah nous guider vers le droit chemin et faire en sorte que nous fassions les bons choix.

S'élever avec le Coran