Aïcha

Nous abordons maintenant par la grâce de Dieu le chapitre de la lueur, 24ème chapitre du Saint Coran, et qui comporte pour sa part trois grands appels célestes destinés aux croyants. Le premier de ces appels intervient juste après le conte de l’histoire qui, en l’an V de l’hégire, bouleversa la communauté musulmane durant plus d’un mois, et selon laquelle des hypocrites firent circuler la rumeur comme quoi Aïcha l’épouse du Prophète aurait commis l’adultère. La rumeur fut si forte que même dans les rangs des croyants certains y crurent alors que d’autres, faute d’y croire vraiment, furent incapables de la réfuter. Même son père et sa mère qui connaissaient parfaitement le degré de piété de leur fille et son indéfectible attachement à son mari ne purent jurer de son innocence. La situation était grave! Le Prophète lui-même fut quelque part rongé par le doute à l’égard de sa bien aimée si bien que quand elle tomba malade pendant cette période, il ne fit pas preuve de réconfort à son adresse comme à son habitude. A peine s’il lui demandait comment allait-elle et repartait. Ce fut en réalité une terrible épreuve, aussi bien pour lui que pour elle, car non seulement elle bouleversa le tout Médine, mais faillit détruire un ménage, et non des moindres; celui du messager de Dieu. Revenons quelque peu en arrière, en l’an V de l’hégire, à l’occasion d’une expédition militaire organisée par le prophète. Il tira bas la courte paille pour savoir qui de ses épouses allait l’accompagner et le sort tomba sur Aïcha. Une fois la mission achevée et alors qu’ils étaient sur le chemin du retour, elle quitta le campement pour aller faire ses besoins. Seulement quand elle revint, elle se rendit compte que les musulmans avaient levé le camp sans faire attention à son absence, ce qui ne manqua pas de la tourmenter. Elle essaya en vain de les rejoindre et toute résignée à son sort, elle finit par s’endormir à la belle étoile. Safouan Ibn l Mouattel qui avait lui aussi pris du retard sur le groupe, la retrouva sur son chemin. Il la reconnut immédiatement et ne put s’empêcher d’exprimer son étonnement à haute voix, ce qui eut pour effet de la réveiller. Il lui proposa alors de l’accompagner jusqu’à Médine. Il la fit alors grimper sur sa monture et la guida jusque chez elle. Ce fut alors suffisant pour faire dire le pire aux faibles d’esprit. La rumeur fit rapidement tâche d’huile et très vite tout le monde en parla, si bien que Abdallah Ibn Obay, tête des hypocrites, s’exclama : voilà la femme de votre prophète qui passe la nuit chez un autre que son homme! Aïcha pour sa part, rentra chez elle, loin de se douter de quoique ce soit. Néanmoins lorsqu’elle accusa un accès de fièvre, elle ne s’expliqua pas l’attitude plutôt distante du prophète envers elle qui avait l’habitude, en pareille situation, de la chouchouter. Le suspens dura quelque jours jusqu’à ce que l’une de ses tantes l’eut mise au courant de l’affaire. Toute étonnée de la chose et n’en croyant pas ses oreilles elle accusa le coup avec foi mais son état de santé s’aggrava quelque peu et ce fut l’occasion pour elle de demander à son époux d’aller se faire soigner chez ses parents. En réalité son désir d’aller chez sa mère était plutôt motivé par le besoin d’en savoir plus. Sa mère ne manqua pas de la réconforter mais la pression était trop forte. Elle pleura plusieurs jours de suite, et au bout de trente longs jours de peine et de douleur, de part et d’autre, le prophète lui rendit visite et lui demanda ce qu’elle pensait de la situation. Elle clama alors tout haut son innocence et déclara qu’elle était confiante quant à la suite des évènements, et curieusement la délivrance fut vite arrivée. Le prophète n’était pas encore reparti de chez ses beaux parents qu’il reçut la révélation innocentant à tout jamais son épouse.. Dix versets, révélant tous les détails de l’histoire, fustigeant le comportement malsain de ceux qui firent circuler la fausse rumeur, le tout assorti d’une conclusion sous forme d’appel aux croyants..

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا لَا تَتَّبِعُوا خُطُوَاتِ الشَّيْطَانِ
21. Ô croyants! Ne suivez pas les traces de Satan.

Il s’agit pour les musulmans d’apprendre à tirer profit des expériences vécues! Dans le cas présent, les conséquences fâcheuses auxquelles a abouti cette histoire devraient désormais constituer une bonne leçon à toute la communauté, car le fait de se jeter pieds joints dans l’épandage d’une rumeur, fausse et porteuse de dénigrement de surcroît, est une pratique qui ne convient ni au musulman en tant qu’individu ni à la société à laquelle il appartient, et ce pour la simple raison qu’il s’agit, ni plus ni moins, de l’œuvre du démon, aux tentations duquel il ne devrait pas être donné suite..


وَمَن يَتَّبِعْ خُطُوَاتِ الشَّيْطَانِ فَإِنَّهُ يَأْمُرُ بِالْفَحْشَاء وَالْمُنكَرِ

Quiconque suit les traces de Satan, sachez qu’il ordonne la turpitude et le blâmable

Autrement dit, celui qui se plie aux ordres de Satan s’inscrit d’emblée dans sa logique et s’adonne automatiquement à la turpitude et au blâmable. Chose que l’Islam combat de manière forte et sèche, loin de tout équivoque possible. Heureusement qu’Allah, par Sa divine sollicitude, sauve le croyant en le guidant vers le droit chemin et le protège des affres de la déviance pour peu qu’il fasse preuve d’un minimum de piété..
Dans le cas présent, n’aurait été Son immense grâce, bon nombre de compagnons auraient baigné dans l’affaire et se seraient constitués en alliés de Satan, ce qui leur aurait valu de s’éloigner une fois pour toute de la piété et de la miséricorde divine.


وَلَوْلَا فَضْلُ اللَّهِ عَلَيْكُمْ وَرَحْمَتُهُ مَا زَكَا مِنكُم مِّنْ أَحَدٍ أَبَدًا وَلَكِنَّ اللَّهَ يُزَكِّي مَن يَشَاء وَاللَّهُ سَمِيعٌ عَلِيمٌ {21}

Et n’eussent été la grâce d’Allah envers vous et Sa miséricorde, nul d’entre vous n’aurait jamais été pur. Mais Allah purifie qui Il veut. Allah est Audient et Omniscient

Les conduites pieuses de chacun d’entre nous ne sont donc pas innées. L’Homme a justement la faculté de choisir son chemin et de discerner le bien du mal et le vrai du faux. Libre à lui ensuite de faire le choix qu’il souhaite, en s’engageant bien sûr à en assumer toute la responsabilité. Pour être guidé par conséquent, l’individu se doit de faire un investissement premier de piété en cultivant sa bonne intention. Allah met alors de l’eau dans son moulin et la main du destin se tend pour l’accompagner dans sa recherche de la vérité. Dieu dit à ce sujet dans le chapitre de Mohammed :

وَالَّذِينَ اهْتَدَوْا زَادَهُمْ هُدًى وَآتَاهُمْ تَقْواهُمْ
17. Quant à ceux qui se mirent sur la bonne voie, Il les guida encore plus et leur inspira la piété

Nous avons à ce titre largement discuter par ailleurs la réalité de la foi et que par sa nature elle ne constituait aucunement une constante. Puisse Allah faire en sorte qu’elle soit pour nous en hausse permanente, Amen.

S'élever avec le Coran