Accueillants!

Ce nouvel appel du chapitre de la discussion acharnée sort tout comme le précédent du registre des règles de bienséance. Il est en fait pris en sandwich entre deux appels qui ont tous deux trait à la conversation secrète et aux conséquences malfaisantes qui en découlent. Le premier que nous avons analysé lors du précédent épisode dénonçait les manigances dont se rendaient coupables les hypocrites vis-à-vis des véritables croyants alors que le second qui sera étudié la prochaine fois trace les limites de cette conversation et les règles qui devraient la régir..

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِذَا قِيلَ لَكُمْ تَفَسَّحُوا فِي الْمَجْلِسِ فَافْسَحُوا يَفْسَحِ اللَّهُ لَكُمْ
11. Ô croyants ! Quand on vous dit : “Faites place dans une assemblée”, alors pressez vous de le faire. Allah vous ménagera alors une place,

Nous sommes ici devant un véritable cours d’instruction morale et civique. En effet, après avoir dénoncé les comportements indécents des hypocrites vis-à-vis de leurs supposés frères en religion, à savoir les véritables croyants, et concernant les discussions en secret à des fins nuisibles, le discours se tourne à nouveau vers ces derniers pour les appeler à une meilleure entente entre eux et à une indulgence partagée dans le but d’accroître leur amitié et de souder fortement les liens qui les unissent au sein de leur communauté. Il existe plusieurs hypothèses pour définir les assemblées auxquelles ce verset fait allusion. Certains ont estimé qu’il s’agit des assemblées au cours desquelles le prophète prodiguait son enseignement et donnait ses directives. En effet une certaine course était engagée entre les compagnons qui veillaient à être les premiers arrivés pour mieux écouter et mieux comprendre ce qu’il disait bien sûr, mais surtout pour être plus proches du messager de Dieu. Ainsi celui qui arrivait en retard ne trouvait pas sa place et restait pour ainsi dire debout pendant tout le cours sauf si quelqu’un parmi ceux qui étaient déjà assis daigne lui faire de la place. D’autres exégètes ont avancé qu’il s’agit plutôt des rangées de soldats qu’avait l’habitude de former le Prophète avant la bataille et dans lesquelles les croyants se bousculaient entre eux pour être en première ligne, recherchant par là à accroître leur chance de mourir en martyr. Un troisième groupe pense, pour sa part, que l’allusion faite concerne uniquement le vendredi lors de la prière du midi, qui connaissait une affluence record de croyants alors que l’exiguïté du lieu de prière ne permettait pas de réunir tout le monde. Si bien que certains prenaient le soin de se réserver une place à l’avance. Enfin, citons une dernière hypothèse selon laquelle Mokattil, raconte qu’un jour, alors que tout le monde était réuni dans la mosquée, certains arrivèrent en retard et restèrent debout à attendre qu’on leur fasse place, seulement parmi ceux qui étaient déjà installés, personne ne bougea, et le messager de Dieu fut quelque peu déçu par ce comportement surtout que, parmi les gens qui étaient restés debout certains avaient participé à la bataille de Badr.. participation qui, comme tout le monde le sait, faisait office de véritable décoration donnant droit à moults privilèges. Le Prophète demanda alors à quelques uns de ses fidèles qui étaient assis de s’écarter un peu pour permettre à tout le monde de trouver place mais cette initiative ne leur plut manifestement pas.
En fait, quelque soit l’hypothèse retenue et qui serait à l’origine de cette révélation on peut dire que l’allusion concerne sans doute, comme le soutient El Kortobi tous types d’assemblées. L’essentiel et l’objectif escompté est que règne une certaine entente entre les membres d’une même communauté et que l’égoïsme soit vigoureusement écarté. Il faut toutefois souligner que l’Islam a donné certains droits à toute personne qui viendrait en premier ou qui précéderait les autres dans un domaine donné. Il est par exemple hors de question que quelqu’un arrive en retard puis prenne la place d’un autre sans son consentement. Le Prophète sidna Mohammed dit à ce sujet :

Il n’est pas normal qu’une personne demande à une autre de se lever pour uniquement prendre sa place

Et dans un autre hadith, il dit :

Quiconque s’adjuge la primeur dans quoique ce soit en possède les droits

D’un autre coté, quand un appel à bienfaisance est lancé, le croyant doit faire son possible pour y répondre favorablement..

وَإِذَا قِيلَ انشُزُوا فَانشُزُوا
et quand il vous est demandé de vous lever, levez-vous

Entendre par là; quand il vous est demandé de faire quelque chose de bien empressez-vous d’y répondre favorablement et ne faites pas preuve de paresse. A partir de là, on peut facilement extrapoler et dire que l’expression « tous droits réservés » utilisée de nos jours et depuis fort longtemps d’ailleurs, pour signifier la primeur de quelqu’un dans un domaine donné est parfaitement reconnue par l’Islam. On peut même dire, sans grand risque de se tromper, que le copyright est un droit tout à fait légitime et que la contrefaçon doit être vigoureusement combattue. Naturellement, si le détenteur du droit ou le dépositaire de la licence abandonne de gré et de bonne foi ses droits ou fait don de sa licence à la communauté, le problème ne se pose plus alors et devient même pour lui une source de récompense. En fait, il s’agit d’une pratique largement rétribuée puisque d’une part, Allah Tout-puissant ménage, est-il affirmé ici, une place au Paradis à tous ceux qui veillent à ne pas être égoïstes envers leur prochain ; mais également, Il les élève en rang, aussi bien ici bas que dans l’au-delà, surtout quand ils font preuve de bonne foi et qu’ils se distinguent par la largesse de leur savoir.

يَرْفَعِ اللَّهُ الَّذِينَ آمَنُوا مِنكُمْ وَالَّذِينَ أُوتُوا الْعِلْمَ دَرَجَاتٍ
Allah élèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir.

Tout en sachant que ceux qui n’auront pas eu la foi ne pourront bénéficier de cette faveur qui somme toute reste réservée aux véritables croyants qui se distinguent par leur savoir et science.

وَاللَّهُ بِمَا تَعْمَلُونَ خَبِيرٌ {11}
Allah est parfaitement au courant de ce que vous faites.

Il s’agit là tout simplement d’un rappel de la réalité pour signifier que la probabilité de se tromper pour Allah est nulle et que chacun sera rétribué en fonction de l’intention qu’il aura mise dans son action, quand bien même serait-elle bonne et bénéfique. Puisse Allah faire en sorte que nous fassions partie des détenteurs du savoir et qui bien sûr en font bon usage.

S'élever avec le Coran